Le blogueur saoudien Raïf Badaoui, emprisonné et condamné à la flagellation dans son pays pour "insulte" envers l'islam, a obtenu jeudi 29 octobre le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté d'expression.
Emprisonné depuis 2012, M. Badaoui a "courageusement exprimé ses idées et ses doutes sur les règles de son pays" et "s'est battu pour la liberté de tous les Saoudiens", a souligné dans un communiqué le président du Parlement européen, Martin Schulz, pour expliquer ce choix.
Cet homme "courageux et exemplaire" est soumis à une "peine cruelle (...) que l'on ne peut objectivement que qualifier de torture", a-t-il ajouté.
"Je demande au roi d'Arabie saoudite de grâcier et libérer immédiatement M. Badaoui, pour qu'il puisse venir chercher son prix" lors d'une cérémonie prévue le 16 décembre à Strasbourg, a plaidé le président du Parlement devant les eurodéputés réunis à Strasbourg. Ceux-ci se sont levés et ont longuement applaudi la décision prise un peu plus tôt par les chefs de file de leurs groupes politiques.
"Raïf n'est pas coupable"
Depuis le Canada, où elle est réfugiée, l'épouse du lauréat s'est déclarée "très heureuse". La décision des parlementaires européens est "un message d'espoir et de courage", et le signe que "Raïf n'est pas coupable", a dit à l'AFP Ensaf Haidar, qui vit près de Montréal avec ses trois jeunes enfants.
Pour la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH), cette décision doit contribuer à "réveiller les diplomaties européennes" et les amener à plus de fermeté envers Riyad.
Animateur du site internet Liberal Saudi Network, Raïf Badaoui a été condamné fin 2014 à dix ans de prison et à 50 coups de fouet par semaine pendant 20 semaines pour "insulte à l'islam".
Le condamné avait subi une première séance de flagellation le 9 janvier, mais les suivantes avaient été repoussées, d'abord pour des raisons de santé, puis pour des motifs non précisés.
Mardi, son épouse avait toutefois indiqué craindre qu'il ne subisse une nouvelle séance de flagellation dans les tout prochains jours.
Le prix Sakharov, attribué tous les ans depuis 1988 par le Parlement européen, récompense des personnalités ou des collectifs qui se sont illustrés dans la défense des droits de l'Homme. Doté de 50 000 euros, il avait été octroyé l'an dernier au médecin Denis Mukwege, qui soigne les femmes victimes de violences sexuelles dans l'est de la République démocratique du Congo.
Avec AFP