Des témoins ont rapporté à l’AFP que de nombreux hommes armés ont envahi mercredi plus d'une dizaine de villages du district de Kala-Balge dans l'Etat de Borno, en tirant des coups de feu, tuant à coup de machette des habitants et rasant des maisons.
Des centaines d'habitants ont franchi la frontière et fui vers le Cameroun, entrainant la riposte du Tchad - membre de la coalition contre les islamistes - qui a bombardé les positions de Boko Haram.
"Ils ont surtout ciblé les habitants d'origine Shuwa, une ethnie commune à un grand nombre de soldats tchadiens", a témoigné Adum Walfannea, lui-même Shuwa, et originaire du village d'Anguduram.
Kurso Khala, qui a fui l'un des villages les plus touchés, Mudu, a raconté comment les assaillants ont encerclé un marché local, avant d'en bloquer toutes les issues sauf une.
"Ils demandaient à chacun s'il était Kanuri (ethnie principale des Boko Haram) ou Shuwa avant de le laisser partir," a expliqué Khala par téléphone de Fotokol, localité camerounaise qui fait face à la ville nigériane de Gamboru, à l'extrême nord du pays.
"Dès qu'une personne était identifiée comme Shuwa, elle était abattue d'une balle dans le dos dès qu'elle avait franchi la sortie du marché", a-t-il décrit.
Walfannea et Imar Koshnana, du village de Musiye, ont indiqué tous les deux que le bilan de ces attaques pourrait être très élevé, mais aucun chiffre officiel n'est disponible pour l'instant.
Ces attaques ont été menées alors même que les autorités d'Abuja s'enorgueillissent d'avoir repris à Boko Haram plusieurs villes du nord-est.
Les informations mettent du temps à parvenir à l'extérieur du nord-est car, depuis le début de leur insurrection en 2009, les islamistes ont détruits de nombreux relais téléphoniques.
Le 17 février, l'armée tchadienne avait repris la ville nigériane de Dikwa et lancé une offensive terrestre et aérienne contre les enclaves de Boko Haram du district de Kala-Balge.
Les frappes incluaient notamment la ville de Gwoza, dans laquelle le chef de Boko Haram Abubakar Shekau a proclamé la première fois, en août, l'établissement d'un califat au Nigeria, ainsi que la forêt de Sambisa, frontalière du Cameroun, où les insurgés ont établi des bases arrières depuis des années.
Les habitants affirment que Boko Haram a alors essuyé de lourdes pertes.
Un villageois de Gonori, près de Gamboru, Umar Sanda, a déclaré que, mardi, les troupes tchadiennes ont répliqué après le vol de plus de 400 têtes de bétail par Boko Haram qui a tué 4 civils.
"Durant plus de deux heures, nous avons entendu des tirs et des explosions. Les troupes tchadiennes ont abattu de nombreux combattants de Boko Haram et récupéré le bétail", a-t-il raconté à l'AFP.
VOA/AFP