Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Boko Haram : les camps nigérians sous pression face à l'afflux d'ex-réfugiés


Les cinq chefs d'Etat du G5 Sahel (de gauche à droite): le président du Niger Mahamadou Issoufou, son homologue tchadien Idriss Déby, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le 6
Les cinq chefs d'Etat du G5 Sahel (de gauche à droite): le président du Niger Mahamadou Issoufou, son homologue tchadien Idriss Déby, le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, le 6

La création d'une force conjointe des pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad) vise à combler les lacunes des dispositifs militaires nationaux et multinationaux dans la région, impuissants à enrayer l'expansion des groupes jihadistes, selon des experts.

- De quelles expériences peut-elle s'inspirer ?

Le précédent le plus pertinent est la Force d'intervention conjointe multinationale (MNJTF), lancée en 2015 par les pays riverains du lac Tchad pour lutter contre le groupe jihadiste nigérian Boko Haram, explique Rinaldo Depagne, responsable pour l'Afrique de l'Ouest du groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

"Ce qu'on disait de la MNJTF il y a deux ou trois ans était très négatif", rappelle-t-il. Malgré les critiques, "elle a réussi une partie de sa mission, qui est de réduire le territoire contrôlé par Boko Haram et de limiter ses actions", même si "Boko Haram est loin d'être vaincu".

- Quels seront ses principaux défis ?

"Le G5 a des problèmes que la MNJTF n'avait pas", à commencer par les capacités militaires des Etats membres, souligne le responsable d'ICG. "Il y a au moins deux armées sans capacités ou à capacités réduites: le Mali et le Burkina Faso", alors que celles du Niger et du Tchad sont déjà mobilisées sur plusieurs fronts.

"Autre problème: la multiplicité des cibles", ajoute Rinaldo Depagne. La résolution de l'ONU vise les entités liées à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique. "Mais est-ce que ça comprend tous les groupes armés actifs dans le Sahel et est-ce que tous les pays sont d'accord sur des cibles communes, sachant qu'il y en a beaucoup?", s'interroge-t-il.

"Ils vont devoir courir beaucoup de lapins en même temps", relève l'expert, citant l'exemple du groupe de Malam Dicko, dans le nord du Burkina Faso, autonome de la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda.

- De quels moyens disposera-t-elle ?

L'Union européenne (UE) a annoncé le 5 juin une aide de 50 millions d'euros, disant vouloir montrer l'exemple "aux autres partenaires du G5 Sahel".

"Les 50 millions d'euros que promet l'UE, c'est se moquer du monde, c'est 500 qu'il faut mettre", soit environ la moitié du coût annuel de la Mission de l'ONU au Mali (Minusma), estime Serge Michailof, chercheur à l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

"Il faut que l'UE plonge ses mains dans ses poches, qui sont très profondes, pour allonger les 300-400 millions au bas mot que va coûter cette force", à raison de 15 à 20 millions de dollars par an pour un bataillon (700 hommes) du G5, alors que "ces pays sont étranglés par les dépenses militaires", indique-t-il.

- Où et dans quels délais pourra-t-elle intervenir ?

Le "concept d'opération" de cette force, a affirmé en mai le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Jean-Pierre Lacroix, en visite au Mali, prévoit dans un premier temps "une concentration des efforts sur certaines zones frontalières", aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Selon Serge Michailof, "il faut bien compter deux à trois ans" pour recruter et entraîner les 5.000 hommes prévus, "d'autant qu'il y a une pénurie de sous-officiers et d'officiers subalternes expérimentés et bien formés dans toutes ces armées".

- Pourra-t-elle coordonner efficacement ses contingents et ceux des autres forces existantes, en évitant le risque d'engorgement ?

"Une force multinationale encadrée et formée par Barkhane" aurait l'avantage de démultiplier les capacités d'action de cette opération anti-jihadiste française, souligne le chercheur à l'IRIS.

Pour Rinaldo Depagne, le G5 pourrait "commencer par des actions bilatérales ou trilatérales qui permettent à la force de démarrer, au lieu d'essayer de bâtir une architecture parfaite et idéale, une montre suisse dont tous les rouages fonctionneraient ensemble".

Selon lui, le Liptako-Gourma, région à la frontière entre Mali, Burkina Faso et Niger, constituera "un laboratoire où les Français vont essayer d'abord de faire marcher les trois ensemble avant de faire marcher les cinq ensemble".

Avec AFP

XS
SM
MD
LG