"Je me considère comme un trophée. J'étais un trophée que +Lavage Express+ (le nom de l'enquête anticorruption, ndlr) devait livrer. Je ne sais pas pourquoi ils ne m'aiment pas, mais j'étais un trophée qu'il fallait livrer", a dit Lula durant l'audience qui a duré près de trois heures.
L'ex-président a également affirmé être "fatigué des mensonges" à son encontre.
Lula (73 ans) est arrivé au Palais de justice en voiture peu avant 14h00 (16h00 GMT), heure fixée pour cet interrogatoire à huis clos, et dont les images vidéo ont par la suite été diffusées par la justice.
Environ 200 militants de gauche étaient rassemblés à l'extérieur du bâtiment, où les mesures de sécurité ont été renforcées.
Dans la matinée, une centaine de ses partisans ont guetté sa sortie du siège de la Police fédérale, à cinq kilomètres de là, où il purge une peine de 12 ans et un mois de réclusion pour corruption et blanchiment.
"Je n'ai pas vu son visage, mais je sais dans quelle voiture il était transporté. Tout le monde voulait tellement le voir, ça fait 222 jours qu'il est incarcéré", a déclaré à l'AFP Regina Cruz, présidente d'un syndicat dans l'Etat du Parana, dont Curitiba est la capitale.
"Aujourd'hui, c'est un jour important, c'est la première fois que Lula sort depuis qu'il est prisonnier politique. Nous sommes venus pour qu'il comprenne qu'il n'est pas seul", a affirmé Eduardo Coelho, professeur d'histoire de 54 ans venu spécialement de Rio de Janeiro, à environ 800 km de là.
L'ex-président de gauche (2003-2010) a été interrogé par la juge Gabriela Hardt, désormais chargée de l'enquête anticorruption "Lavage express", en remplacement du juge Sergio Moro qui a accepté le poste de ministre de la Justice du président élu Jair Bolsonaro, qui entrera en fonctions en janvier.
Lula est accusé d'avoir bénéficié de travaux financés par des groupes du BTP entre 2010 et 2014 dans une propriété à Atibaia, dans l'Etat de Sao Paulo. Ces travaux auraient été effectués en échange de contrats avec le groupe étatique pétrolier Petrobras.
Mercredi, durant son interrogatoire, Lula a affirmé ne pas détenir la propriété en question et ignorer tout des travaux incriminés. Cette propriété "n'était pas la mienne", a-t-il répété à plusieurs reprises.
D'une manière générale, la défense de Lula assure qu'il est innocent, que la propriété ne lui appartient pas et qu'il est victime d'une cabale politico-judiciaire.
Il avait été condamné par le juge Moro en juillet 2017 pour une autre affaire, portant sur un appartement en bord de mer qu'il aurait reçu pour favoriser l'entreprise de bâtiment OAS.
En dehors de ces deux affaires, Lula est mis en cause par la justice brésilienne dans quatre autres dossiers. Il nie toute culpabilité dans l'ensemble de ces affaires.
L'ex-président a reçu mercredi matin la visite de Fernando Haddad, candidat malheureux de son Parti des travailleurs (PT) au second tour de la présidentielle, remportée par Jair Bolsonaro (extrême droite) le 28 octobre.
Une semaine avant son élection, M. Bolsonaro avait scandé dans un discours enflammé qu'il espérait voir Lula "pourrir en prison".
La défense de Lula a demandé sa libération et l'annulation de sa condamnation, invoquant une présumée partialité du juge Sergio Moro qui a accepté d'entrer dans le prochain gouvernement d'extrême droite.
Avec AFP