Le gouvernement a déjà envoyé au parlement une proposition d'amendement à la Constitution (PEC) visant à instaurer pendant vingt ans un plafond aux dépenses publiques, qui ne pourront pas avoir de croissance supérieure à celle de l'inflation annuelle, même pour les secteurs de la santé et de l'éducation.
Michel Temer, qui a remplacé Mme Rousseff (Parti des Travailleurs, gauche) après sa destitution controversée pour maquillage des comptes publics, a prévenu que l'approbation de cette mesure était sa "priorité" pour relancer la croissance du pays, plongé dans sa pire récession en un siècle.
Devraient suivre deux réformes impopulaires, l'une reculant probablement de cinq ans l'âge du départ en retraite, l'autre augmentant le temps de travail légal.
La débâcle électorale dimanche du PT de l'ex-président Lula, aux commandes du Brésil depuis 13 ans, a confirmé le tournant à droite pris après la destitution de Mme Rousseff et devrait faciliter la tâche de M. Temer, au moins dans un premier temps.
Le PT a perdu la mairie de Sao Paulo, la plus grande ville du pays, et plusieurs de ses fiefs historiques dans la banlieue industrielle de cette mégapole de 12 millions d'habitants. Il n'a remporté que 255 mairies contre 630 il y a quatre ans.
- Place à l'initiative privée -
"Cette défaite montre que la société ne veut plus du PT et renforce la base de Temer au Parlement. La PEC va être approuvée, reste à savoir à quel rythme et en quels termes, surtout pour l'éducation et la santé", explique à l'AFP Margarida Gutierrez, professeur d'économie à l'Université de Rio (UFRJ).
"La PEC est la condition nécessaire mais pas suffisante pour l'ajustement budgétaire", ajoute-t-elle, soulignant que la "réforme des retraites est la deuxième priorité, mais sera beaucoup plus difficile à faire passer".
Le PMDB (centre droit) de M. Temer reste le plus grand parti du pays et a connu une légère amélioration, tandis que le PSDB (droite) a augmenté ses mairies de 686 à 791 dimanche.
Pour l'analyste Ignacio Crespo, de Guide Investimentos, "le résultat des municipales montre l'affaiblissement du PT et le changement de gouvernement avec Temer va se poursuivre en 2018", année de la présidentielle.
"C'est un gouvernement moins +interventionniste+ que celui du PT et qui laisse de la place aux autres secteurs, et notamment à l'initiative privée", souligne-t-il.
La semaine dernière, lors d'un séminaire à Sao Paulo, M. Temer a affirmé que "l'approbation de la PEC est fondamentale pour éviter la spirale inflationniste et la récession. La dette pourra atteindre 100% du PIB en 2024 ou même avant"
Dans ce cas, "ce sera la faillite de l'Etat brésilien", a-t-il mis en garde.
Il a affirmé "ne pas craindre d'être impopulaire" avec cette réforme, estimant que la PEC "contribuera à relancer une croissance économique durable" dans le pays et "évitera la hausse des impôts".
Selon le ministère de l'Economie, de 1991 à 2015, les dépenses primaires de l'Etat (avant le paiement des intérêts de la dette) sont passées de 10,8% à 19,5% du PIB.
Ce dernier a en outre reculé de 3,8% en 2015 et devrait encore chuter de 3% en 2016, tandis que la dette publique est passée de 52% du PIB en 2013 à plus de 70% en août.
Avec AFP