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Bruno Mars roi de Grammy Awards très politiques


Bruno Mars aux Grammy awards, Madison Square Garden, New York, le 28 janvier 2018.
Bruno Mars aux Grammy awards, Madison Square Garden, New York, le 28 janvier 2018.

Le chanteur américain Bruno Mars a récolté trois des quatre trophées majeurs de la cérémonie des Grammy Awards à New York, coiffant sur le poteau le rappeur Kendrick Lamar, au terme d'une soirée très politique.

Couronné dans les catégories reines d'album de l'année pour "24K Magic", enregistrement de l'année pour le morceau-titre de l'album et chanson de l'année pour "That's What I Like", le showman de 32 ans au style flamboyant est reparti avec six récompenses, record de la soirée.

En recevant le titre d'album de l'année, dernier prix de la cérémonie, Peter Hernandez, de son vrai nom, a remercié les autres artistes sélectionnés dans la catégorie dont Kendrick Lamar et Jay-Z. C'est un nouveau camouflet pour le hip-hop, qui n'a remporté que deux fois le prix d'album de l'année, la dernière fois il y a 15 ans.

Pour Jay-Z, la soirée a tourné au cauchemar, avec aucune victoire malgré huit nominations. A 48 ans, ce vétéran du hip-hop, déjà primé 21 fois aux Grammys, a été devancé dans trois catégories majeures par Bruno Mars et dans trois sous-catégories rap par Kendrick Lamar.

Le rappeur californien est lui reparti avec cinq statuettes dorées en forme de gramophone, réalisant son second grand chelem dans les quatre catégories rap et y ajoutant la meilleure vidéo pour "Humble".

Il a aussi ouvert la retransmission télévisée avec une performance coup de poing, offrant à un public enthousiaste une interprétation de son titre "XXX", avec Bono du groupe U2 et entouré de figurants en tenue camouflage et cagoule noire.

"XXX" est l'un des titres les plus engagés de l'album "DAMN.", qui évoque les meurtres de jeunes hommes noirs aux Etats-Unis. Lamar a conclu sa prestation entouré de figurants habillés de rouge, qui semblaient recevoir des coups de feu et s'écrouler.

Soirée à messages

Alors que l'industrie du disque avait semblé assez détachée des enjeux du moment, la cérémonie des Grammys a finalement fait feu de tout bois et multiplié les interventions politiques, reprenant la main à Hollywood, qui avait amorcé le mouvement.

De nombreux invités, de Lady Gaga à Sting, en passant par Khalid ou Cindy Lauper, étaient arrivés à la cérémonie en arborant des roses blanches en écho aux mouvements #MeToo et Time's Up à Hollywood, à l'appel tardif d'un groupe de musiciennes.

Lors de son passage sur scène, Lady Gaga a ensuite rendu hommage à Time's Up, contre le harcèlement sexuel et pour l'égalité entre hommes et femmes, avant que la chanteuse et actrice Janelle Monae y revienne lors d'un vibrant monologue.

"A ceux qui voudraient essayer de nous faire taire, nous offrons deux mots: "c'est fini". Fini les inégalités de rémunérations, la discrimination, le harcèlement sous toutes ses formes, et les abus de pouvoir", a déclaré la chanteuse en présentant une prestation de la Kesha qui, avec sa chanson "Praying", a rappelé sa bataille contre un producteur qu'elle accuse de l'avoir violée.

Immédiatement derrière, une autre chanteuse, Camila Cabello, a rendu hommage aux Dreamers, les bénéficiaires du programme Daca qui permet à des immigrés arrivés enfants clandestinement aux Etats-Unis de travailler et d'étudier légalement.

Ce programme a été supprimé par le président Donald Trump, qui a pressé le Congrès de le remplacer par une nouvelle législation. Mais les parlementaires sont pour l'instant dans l'impasse.

Camila Cabello a rappelé qu'elle était elle-même arrivée enfant de Cuba avec ses parents, "arrivés dans ce pays sans rien en poche que de l'espoir".

Les chapitres politiques se sont multipliés, avec une prestation de U2 devant la Statue de la Liberté, avec un rappel du poème inscrit à sa base, qui invite à accueillir tous les immigrés qui se rendent à New York et aux Etats-Unis.

Autre salve, le présentateur de la retransmission, James Corden, a fait lire à des chanteurs mais aussi à Hillary Clinton des passages du livre polémique "Fire and Fury", qui brosse un tableau apocalyptique de la première année de l'administration Trump à la Maison Blanche.

Le rappeur Logic, qui interprétait son titre "1-800-273-8255" pour la prévention du suicide, a conclu les prestations scéniques de la soirée avec un nouveau message tourné vers les autres pays du monde, "nourris de culture, de diversité et de milliers d'années d'histoire".

Une allusion directe à la politique migratoire du président Trump et à ses récents propos polémiques sur les "pays de m...", qu'il conteste avoir tenus.

En début de soirée, la Canadienne Alessia Cara avait créé la surprise en remportant le premier des quatre trophées majeurs, celui de Révélation de l'année.

Elle a appelé à soutenir "la vraie musique et les vrais artistes, car tout le monde doit avoir les mêmes chances".

Outre Jay-Z, l'autre grand perdant de la soirée a été "Despacito", le mégahit qui a tout emporté sur son passage en 2017. Nommé dans trois catégories, il est reparti bredouille dimanche.

Avec AFP

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