La Commission s’est rendue dans ces zones difficiles, Arbinda et Djibo, pour rassurer les habitants. Mais les populations dont certains sont des déplacés s’inquiètent de la situation sécuritaire et se demandent dans quelles conditions ces élections vont se tenir ?
De grands moyens sont déployés. La voie terrestre étant dangereuse, minée souvent par des engins explosifs, le président de la Commission électorale a atterri à Arbinda, à plus de 360 km de la capitale dans le Sahel à bord d’un hélicoptère militaire. Il a rendez-vous avec la population locale.
La peine, la douleur, l’inquiétude se lisent sur les visages. Les habitants sont sur leurs gardes, pour eux, le danger est permanent. Cela fait des mois que la mairie d'Arbinda n’a pas rouvert. Le maire a fui, la plupart des conseillers aussi.
C’est donc ici qu’a lieu la rencontre. Un dispositif impressionnant d’hommes de sécurité a été disposé. Le président de la Céni est venu rassurer sur la tenue des élections. Le maire d'Arbinda se sentant menacé a fui et vit à Ouagadougou depuis des mois. Il est revenu avec l’équipe de la Commission électorale.
"J’ai quitté la commune il y a quelques mois. Je reviens aujourd’hui avec le président de la Céni pour lancer cette opération, c’est un sentiment de joie. Nous sommes dans des difficultés mais nous devons relever le défi", a déclaré Boureima Ouerem, maire de Arbinda.
Après Arbinda, cap sur Djibo, principale ville du Soum toujours dans le Sahel. Djibo est calme. On compte par milliers le nombre de personnes ayant fui les menaces terroristes pour se retrouver ici. Parler d’élections maintenant inquiète les populations.
"Nous sommes très inquiets. Comment vont se dérouler les élections ? Ce sont nos inquiétudes. Nous avons des centaines de milliers de déplacés. Et d’autres sont restés dans des villages inaccessibles. Si le gouvernement pouvait nous aider à regagner nos communes, nos villages avant ces élections" cela nous aiderait nous a confié Oumarou Dicko, le maire de Djibo.
"Pour des femmes et des jeunes qui ont fui sans bagages ni rien, ce n’est pas évident qu’ils se retrouvent avec des documents pour les votes. Comment voter ? Quelle est la conduite à tenir ? " s’interroge Habsatou Hamidou, la coordinatrice des femmes du Soum.
Le président de la Céni estime qu’il faut impérativement tenir les élections ici.
"Le continuum des droits du Sahel doit être maintenu car il faut que les votes se passent pour que les pouvoirs publics et les pouvoirs élus au niveau du Sahel puissent se perpétrer pour permettre de mieux représenter les populations. Autrement, le Sahel pourrait être une région sinistrée du point de vue des droits démocratiques, ce qui n’est pas acceptable", a affirmé Newton Ahmed Barry.
Selon la Commission électorale, 10 millions d’électeurs dont 6 millions de femmes, sont inscrit.e.s sur le fichier électoral. Avec les centaines de milliers de déplacés que connaît le pays, l’organisation de ces élections de 2020 s’annonce difficile.