Depuis dix mois, le Burkina tente de repousser le coronavirus. Mais impossible. Plus de 2.000 cas ont été enregistrés au cours de ce seul mois de décembre ce qui équivaut aux 2.000 autres cas des 9 derniers mois. Le pays est passé d’un taux de reproduction qui est supérieur à 1. Cela voudrait dire que l’épidémie est active et le nombre de nouveau cas augmente. Les spécialistes tentent d’expliquer.
"Nous avons les facteurs climatiques. Au cours de la période de novembre à février, le système de surveillance a notifié une augmentation du nombre de syndrome grippale, d’infection respiratoire aiguë sévère et ça c’est saisonnier, lié au facteur climatique avec l’harmattan qui souffle et la poussière. Cette augmentation est corroborée par une augmentation du nombre de cas dans plusieurs pays voisins qui ont des similitudes climatiques avec la nôtre. Nous avons également le non-respect des mesures de prévention contre le Covid19 notamment le port de masque, la distanciation physique, les grands rassemblements", a dit Dr Brice Bicaba, président du Comité de lutte contre le Covid-19.
Les responsables en charge de la riposte de la maladie veulent réussir à maîtriser la réduction de nouveaux cas. Et pour cela, le système de santé sera, disent-ils, renforcé pour la prise en charge des cas sévères.
"Le nombre de lits de réanimation disponible dans les hôpitaux est d’environ 82 lits, pour les respirateurs nous avons mis récemment à la disposition des hôpitaux 46 respirateurs et 56 concentrateurs d’oxygène, nous allons poursuivre le renforcement de la capacité des agents de santé et plus de 4000 agents de santé sont formés ou sont en train d’être formés sur la prise en charge", rassure Dr Bicaba.
Dans les rues de Ouagadougou les réactions sont divergentes. "Effectivement il y a un relâchement des mesures barrières. Nous n’allons pas situer de responsabilité pour l’heure. Ce que chacun peut faire, c’est de respecter ces mesures barrières. Certains pensent que c’est une maladie de riche. Ils n’ont qu’à enlever ça de leur tête et vite", explique Antoine Guigma, enseignant.
"Je suis déçu. Oui déçu de nos autorités. La pandémie est mal gérée. C’est au gouvernement de faire respecter les mesures barrières", a indiqué Achille Thiombiano, consultant en intelligence économique.
En décembre, 8 personnes sont décédées du coronavirus ce qui fait un nombre total de décès de 76 depuis l’apparition de la maladie. Les responsables sanitaires dénoncent la porosité des frontières.
"Les frontières sont fermées mais au moins 700.000 passagers arrivent à passer au niveau des 16 points d’entrées", a déploré Brice Bicaba. Dix mois de riposte, une charge de travail importante. Les équipes sont fatiguées. Alors, les tests des voyageurs sont désormais tarifés à hauteur de 50 000 FCFA et pour les cas suspects cela reste encore gratuit. Les responsables sanitaires annoncent que le pays se prépare pour l’introduction prochaine du vaccin contre le covid19.
