Aucun représentant du camp du président Pierre Nkurunziza n’a pris part mardi à Bujumbura, à la première réunion des parties à la crise burundaise tenue sous l’égide du nouveau représentant de l'ONU en Afrique centrale et médiateur au Burundi.
Seuls l'opposition, la société civile et les chefs religieux du pays étaient là.
Sénégalais Abdoulaye Bathily qui a remplacé Saïd Djinnit au poste d'envoyé spécial de l'ONU dans les Grands Lacs, est arrivé dimanche à Bujumbura, une semaine avant les élections législatives et communales controversées prévues le 29 juin.
L’opposition avait récusé M. Djinnit qu’elle accusait plus favorable au pouvoir. Le dialogue, dans l'impasse depuis le début de la crise politique burundaise fin avril, avait alors totalement cessé.
La candidature du président Pierre Nkurunzuzi pour un troisième mandat est le nœud de la crise. Le pouvoir estime que les discussions sur la question étaient closes. Mais l’opposition voudrait baser les discussions sur la question.
L’opposition juge aussi que les dates des élections sont proches et que le pays n’est pas prêt.
Mardi, une première réunion sous l'égide du nouveau médiateur a rassemblé des représentants de la société civile, dont le défenseur des droits de l'Homme Pierre-Claver Mbonimpa, les principaux opposants politiques, dont Agathon Rwasa et Charles Nditije, et les chefs des différentes religions.
Le ministre de l'Intérieur Edouard Ndiwumana, censé représenter le gouvernement, était absent.
"Le parti CNDD-FDD informe la communauté tant nationale qu'internationale que sa priorité est la continuité de sa campagne électorale pour les communales et législatives", a déclaré le président de la formation politique, Pascal Nyabenda. "Le parti CNDD tient donc à communiquer qu'il ne participera pas au dialogue pendant cette période puisque cela semble être une (diversion) ayant pour objectif la perturbation des élections".
Le chef du parti présidentiel a par ailleurs reproché au représentant onusien d'organiser ses réunions dans le dos des pays d'Afrique de l'Est, qui tentent eux-mêmes depuis des semaines de dénouer la crise burundaise, et d'avoir, de ce fait, "un agenda caché".
La communauté d'Afrique de l'Est, qui réunit le Burundi, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie et l'Ouganda, a appelé à un report des scrutins, mais a depuis le début soigneusement évité d'entrer dans le débat du troisième mandat.
L'annonce officielle, fin avril, de la candidature de Pierre Nkurunziza à la présidentielle a déclenché un mouvement de protestation marqué par des manifestations longtemps quasi quotidiennes dans de nombreux quartiers de Bujumbura, mais aussi dans quelques localités de province.
Les rassemblements, interdits par le pouvoir, ont été émaillés d'affrontements entre manifestants et policiers ou membres de la Ligue des jeunes du CNDD-FDD (les "Imbonerakure"), qualifiée de "milice" par l'ONU. La répression, brutale, s'est parfois faite à balles réelles.
Au moins 70 personnes ont péri dans les violences - affrontements, répression, attentats à la grenade, assassinats - ayant émaillé la contestation, selon une ONG burundaise.