La police use plus de brutalité qu’avant, ont affirmé des habitants de Bujumbura à l’AFP.
"Ça a changé, avant au moins on pouvait un peu discuter avec eux. Maintenant, quand ils nous voient, automatiquement, ils nous poursuivent", lâche Jean-Marie, chauffeur au chômage de Musaga. Le matin même, quelques dizaines d'autres manifestants et lui se sont encore fait disperser, raconte-t-il.
"Si le nombre de manifestants a baissé, c'est parce que beaucoup sont en prison, blessés, tués, et pour le reste, ils sont terrorisés", poursuit-il. Depuis le début de la contestation, une quarantaine de personnes sont mortes dans les affrontements entre contestataires et forces de sécurité. Des centaines ont été blessées ou arrêtées.
Il y a quelques jours encore, la police restait en périphérie des quartiers contestataires, patrouillant sur les axes principaux et laissant les manifestants se rassembler par groupe de quelques dizaines, chanter des slogans anti-Nkurunziza et même ériger des barricades qui lui bloquaient l'accès aux ruelles. La nuit, elle se retirait, pour ne revenir qu'au matin.
Les barricades ont aujourd'hui disparu, et les policiers n'hésitent plus à s'aventurer en profondeur dans les quartiers. Ils y patrouillent désormais jusque dans la nuit. Dans le même temps, l'armée, qui calmait le jeu entre la police et les manifestants, a quasiment disparu.
"Nous avons dû nous adapter, maintenant, nous restons 24 heures sur 24 dans les quartiers et on essaie d'empêcher tout regroupement", confie un haut responsable de la police. Il reconnaît que les forces de sécurité ont durci leurs méthodes, en réaction notamment à la tentative de coup d'Etat manquée de la mi-mai, à laquelle le pouvoir accuse les manifestants d'être liés.
Avec AFP