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Burundi : manifestations à l'appel du pouvoir contre le Parlement européen


Une manifestation à Bujumbura, Burundi, 15 octobre 2016.
Une manifestation à Bujumbura, Burundi, 15 octobre 2016.

Le gouvernement burundais a organisé samedi des manifestations à travers le pays pour exprimer son hostilité envers une résolution du Parlement européen, qui appelle le Conseil de sécurité de l'ONU et la Cour pénale internationale à enquêter sur la crise déchirant le pays depuis avril 2015.

Dans la capitale, Bujumbura, un long cortège emmené par le maire de la ville, Freddy Mbonimpa, et le numéro deux du ministère de l'Intérieur, Thérence Ntahiraja, s'est arrêté devant le siège de la représentation de l'UE. Des témoins joints par l'AFP ont fait état d'environ 6.000 personnes et les autorités ont évoqué 10.000 participants.

"Nous sommes ici pour dénoncer la résolution mensongère du Parlement européen du 19 janvier, qui est un véritable montage contre le gouvernement du Burundi", a déclaré M. Ntahiraja. Il a évoqué "une campagne de désinformation et de diabolisation (...) en faveur de certains déstabilisateurs", épinglant une nouvelle fois l'ancienne puissance coloniale, la Belgique, ainsi que des ONG et des médias.

Le gouvernement organise régulièrement des manifestations de ce genre. Comme souvent, la foule incluait samedi des taxis-vélos et conducteurs de touk-touks qui, selon de nombreux témoignages concordants, dont ceux des intéressés, sont parfois rémunérés pour participer aux manifestations, ce que le pouvoir a toujours nié.

Le Burundi est plongé dans une grave crise émaillée de violences, qui ont fait plus 500 morts, depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé en avril 2015 sa candidature à un troisième mandat, avant d'être réélu en juillet.

Le 19 janvier, le Parlement européen a adopté une résolution appelant notamment le Conseil de sécurité de l'ONU et la CPI à "ouvrir rapidement une enquête complète sur les violations des droits de l'Homme qui auraient été commises au Burundi (...) au cours de la récente crise dans le pays".

La résolution salue également les sanctions prises par l'UE contre Bujumbura, soutient le déploiement d'une force de police onusienne jusqu'à présent refusée par Bujumbura, et exprime son "inquiétude quant à l'annonce du 30 décembre par le président Nkurunziza selon laquelle il pourrait briguer un quatrième mandat en 2020".

Un rapport de la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) publié en novembre a pointé du doigt la radicalisation et l'isolement croissant du régime burundais, qui coupe les ponts avec la communauté internationale: en octobre, Bujumbura, vivement critiqué par l'ONU, a rompu toute coopération et surtout a annoncé son retrait de la Cour pénale internationale.

Cette dernière avait ouvert en avril 2016 un examen préliminaire, étape préalable à l'éventuelle ouverture d'une enquête, sur des accusations de meurtres, torture et autres exactions au Burundi.

Un rapport de l'ONU publié le 20 septembre a accusé le gouvernement burundais d'être responsable de graves violations des droits et mis en garde contre de possibles "crimes contre l'humanité" et un "grand danger de génocide".

Avec AFP

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