Grâce au Serbe de 47 ans, les "Grues", l'oiseau symbole de l'Ouganda, retrouvent mardi à Port-Gentil la CAN quittée il y a 39 ans contre le même adversaire, le Ghana, qui les avait battues en finale de l'édition 1978.
Coach Micho connaît bien le pays, pour y avoir débuté en 2001 sa carrière africaine, au SC Villa, le grand club ougandais. Il n'a plus quitté le Continent Noir depuis.
"J'ai eu la possibilité d'entraîner au Moyen-Orient et de gagner beaucoup, mais je ne cours pas après l'argent", explique ce "Blanc boucané", amoureux de l'Afrique et marié à une Éthiopienne.
"En Afrique, vous gagnez ce que l'argent ne peut pas acheter, développe-t-il, la satisfaction de choisir un joueur de 17 ans et de lui apprendre la vie, de développer le football sur notre (sic) continent, de partager des victoires avec 40 millions de personnes..."
Il s'est bâti un solide palmarès, trois fois champion d'Ouganda, d'Éthiopie avec Saint-George, de Tanzanie avec les Young Africans, du Soudan avec Al-Hilal...
"Un énorme boulot"
Sredojevic s'est exilé en 2001 car sa carrière ne décollait pas en Serbie, où il se heurtait au plafond de verre des clubs provinciaux. "J'étais un coach à succès chez moi (Subotica, Kula...), mais là comme dans d'autres pays seuls les clubs de la capitale (Belgrade) sont grands (Étoile Rouge, Partizan)", explique-t-il.
Après avoir beaucoup bourlingué, il est revenu en Ouganda en 2013, contacté par le secrétaire général de la Fédération ougandaise de football (Fufa), Edgar Watson, "qui était mon capitaine quand j'ai pris en charge le SC Villa en 2001", raconte Coach Micho.
L'actuel président de la Fufa, Moses Magogo, était également déjà dirigeant au club à l'époque. "Donc ils croient en mes capacités et nous avons accompli ensemble un énorme boulot pour développer l'équipe", poursuit le Serbe.
Quand il a pris en main l'équipe il n'y avait qu'une poignée de joueurs "seniors". Le gardien Denis Onyango, champion d'Afrique des clubs 2016 avec les Mamelodi Sundowns de Pretoria, "est notre seul joueur de renom", estime Coach Micho.
Il a parcouru le pays d'Afrique de l'Est en long et en large, supervisé "600 joueurs de première et 1000 de deuxième divisions pour sélectionner une quinzaine de joueurs, la crème de la crème du football ougandais", et a bâti sa sélection comme un club.
"Coach total"
"Avec une telle approche, en étant théoriquement moins forts individuellement que d'autres équipes, nous avons réussi à nous qualifier, raconte-t-il, c'est le sommet de ma carrière d'entraîneur en Afrique."
Sur sa lancée, l'Ouganda domine même son groupe de qualification au Mondial-2018, avec une victoire et un nul. "L'histoire se poursuit, mon rêve africain continue", dit Coach Micho, qui n'est pas sûr d'aller en Russie avec les Grues.
"Après la CAN, j'irai probablement ailleurs, de nombreuses équipes africaines recherchent mes services, avoue-t-il, mais pour l'instant je suis totalement focalisé sur l'Ouganda."
Comment a-t-il réveillé une sélection qui n'avait plus brillé depuis presque quatre décennies? "J'essaie d'être un +coach total+", répond-il.
"En Europe, vous êtes coach, en Afrique, vous devez être multi-tâches, résume-t-il, utiliser toutes les sciences en même temps, vous occuper, dans des conditions difficiles, du physique des joueurs, des problèmes administratifs, logistiques, techniques, de l'organisation... Bref, 90% de mon temps est occupé par d'autres jobs qu'entraîneur, mais c'est un défi."
Mais ce qu'il préfère, c'est le terrain, en short, sifflet autour du cou. "Je mène une vie simple, décrit Coach Micho, je me lève et pense football du matin jusqu'au soir, je mange du football, ce n'est pas du sang qui coule dans mes veines se sont des ballons". Ainsi parlait le prophète Micho.
Avec AFP