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Cologne : carnaval sous haute sécurité mais fréquentation en berne


Celebrations devant la cathedrale de Cologne durant le Carnaval, Allemagne, Feb. 4, 2016.
Celebrations devant la cathedrale de Cologne durant le Carnaval, Allemagne, Feb. 4, 2016.

Après les violences du Nouvel An, le carnaval de Cologne s'est ouvert sans incident majeur jeudi, entouré d'un important dispositif de sécurité, mais la fréquentation était bien plus faible que les autres années.

"Dieu merci, nous n'avons eu jusqu'à présent aucun incident particulier", a déclaré le directeur des services de la ville, Guido Kahlen, lors d'un premier bilan de cette journée ouvrant une semaine de festivités.

Pour cet événement - le plus populaire d'Allemagne avec la Fête de la bière de Munich - la sécurité était la priorité numéro un des autorités depuis les agressions survenues lors de la nuit de la Saint-Sylvestre.

Attribuées en majorité à des migrants, ces violences, visant pour l'essentiel des femmes, avaient choqué l'Allemagne et accru la pression sur la chancelière Angela Merkel, dont la politique généreuse à l'égard des réfugiés est de plus en plus critiquée.

- Sécurité triplée -

Dans les rues du centre-ville, les gilets fluorescents des volontaires du service d'ordre de la ville étaient bien visibles, au milieu des "Jecken" (les fous du carnaval, dans le dialecte rhénan).

Les uniformes de la police également, et pas seulement sous forme de déguisement : quelque 2.500 policiers, venus de toute l'Allemagne, sont venus assurer la sécurité de la manifestation, soit trois fois plus que l'an dernier.

Les autorités avaient "annoncé qu'il y aurait plus de police, donc nous sommes sûres qu'il ne va rien se passer. Du coup, tout va bien", a déclaré Svenja, sur la place de la gare centrale, où ont eu lieu les incidents du 31 décembre.

Mais les "fous" étaient bien moins nombreux à être descendus dans la rue que les années précédentes.

"Il y a assurément moins de monde dehors que ce qu'on a pu observer ces dernières années", a confirmé M. Kahlen, sans donner d'estimation chiffrée.

Si ce responsable a attribué la baisse d'affluence au froid et à la pluie, certains y voyaient clairement une conséquence de la nuit du Nouvel An.

"Beaucoup sont restés à la maison", estimait Bernd, 51 ans. "Nous sommes une ville accueillante mais la vie a un peu changé depuis la Saint-Sylvestre".

"Il y a sensiblement moins de monde que l'année dernière", confirmait aussi Martin, 60 ans, membre de la Société de carnaval du Vieux marché, chargée d'animer le lancement des festivités. "Pourquoi ? Il y a un peu de peur, je pense", lance-t-il souriant dans son uniforme vert et rouge de soldat du XVIIIe siècle.

Une forme de protestation

Ceux qui n'avaient pas été refroidis par le 31 décembre ni par la pluie glaciale étaient en tout cas bien décidés à faire la fête et "à prendre du plaisir", souvent avec une bière ou une mignonnette d'alcool à la main.

Pour certains, les violences du Nouvel An constituaient même un motif supplémentaire de s'amuser.

"Je ne veux pas que ceux qui ont agressé des femmes se sentent gagnants", expliquait par exemple Ramona, déguisée en super héroïne aux cheveux violets. "C'est une forme de protestation d'être ici".

Pour Sonja, 19 ans, étudiante à Cologne, "ce qu'il s'est passé ce soir-là, c'est vraiment pas cool, vraiment la m... mais rester chez soi, ce n'est pas la bonne réponse".

"Ce qui s'est passé n'a rien à voir avec le carnaval. Le carnaval, c'est la tradition, on fait des rencontres, on retrouve ceux qu'on n'a pas vus depuis longtemps, c'est ça le carnaval", a-t-elle affirmé.

L'AFP n'a recueilli jeudi qu'un seul témoignage de personne ayant été victime d'un comportement agressif à caractère sexuel: une journaliste de la télévision belge RTBF a signalé à l'AFP que durant un direct, un homme avait mimé un mouvement du bassin derrière elle, avant de lui toucher les seins.

Les festivités doivent se poursuivre pendant six jours, jusqu'au mercredi des Cendres, jour de pénitence qui marque l'entrée dans le carême dans la tradition catholique. Lundi marquera l'apogée du carnaval, avec son défilé organisé depuis 1823.

Sur l'un des chars du défilé, cette année, "Mutter Colonia" (Mère Cologne), incarnation habituellement joyeuse de la ville mais cette fois-ci marquée par les violences du Nouvel An, pleure et ses lunettes teintées, lui permettant de voir la vie en rose, sont cassées.

Avec AFP

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