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Difficiles pourparlers à Khartoum, entre groupes armés et gouvernement


Des miliciens posent avec leurs fusils à l’intérieur de la forêt près de la rivière Mbou en République centrafricaine le 4 avril 2012.
Des miliciens posent avec leurs fusils à l’intérieur de la forêt près de la rivière Mbou en République centrafricaine le 4 avril 2012.

Est-il possible de ramener la paix en Centrafrique? C'est l'objectif ambitieux d'un dialogue entre une quinzaine de groupes armés présents sur le territoire et le gouvernement, qui s'ouvre jeudi à Khartoum sous l'égide de l'Union africaine (UA).

Dans ce pays d'Afrique centrale de 4,5 millions d'habitants en guerre depuis 2013, pas moins de sept accords de paix ont été signés en cinq ans, sans qu'aucun n'aboutisse au retour de la stabilité.

Le dialogue à venir, préparé depuis juillet 2017 par l'UA et soutenu par les principaux partenaires de Bangui, se veut plus ambitieux que les précédents: à la table de négociations se réuniront les principaux chefs de groupes armés ainsi qu'une importante délégation gouvernementale.

"Ces pourparlers pourraient se poursuivre deux à trois semaines. Il n'y a pas de date de fin spécifique", a indiqué à l'AFP Al-Dierdiry Ahmed, ministre soudanais des Affaires étrangères.

Le dialogue se tiendra à Khartoum, capitale du Soudan voisin en proie depuis plusieurs semaines à une vague inédite de contestations du pouvoir en place.

Le Soudan est "une des principales plateformes d'approvisionnement en armes des groupes armés centrafricains", note un observateur de la crise à Bangui qui s'inquiète de la partialité de ce pays.

- "Pas confiance" -

Ce dialogue "n'inspire pas confiance", affirme à l'AFP un cadre du Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), l'un des principaux groupes armés dont le leader, Noureddine Adam, sera néanmoins présent à Khartoum.

"On voulait que ce soit dans un pays neutre, à Addis-Abeba (Ethiopie) ou à Kigali (Rwanda), mais les Russes ont poussé pour Khartoum", ajoute-t-il.

Le Soudan, allié de Moscou, a déjà abrité une tentative de médiation parallèle fin août, que les principaux partenaires de Bangui ont condamné. Le dialogue "doit se faire sous l'égide de l'UA" et non de la Russie, a plusieurs fois martelé la France.

La Centrafrique regorge de ressources - uranium, or, diamants, bétail - situées dans des zones sous influence de groupes armés, qui combattent entre eux pour leur contôle, mais aussi contre les Casques bleus de la mission de l'ONU (Minusca).

La principale interrogation avant ce dialogue est la question de l'amnistie des chefs de guerre, réclamée par tous les groupes armés comme prérequis à un arrêt des hostilités, ce que Bangui a toujours refusé.

Les autorités "auront du mal à arracher des concessions" à ce sujet, pense le cadre du FPRC dont les principaux chefs sont fréquemment cités dans des rapports de l'ONU pour violations des droits de l'homme.

Une branche des antibalaka, milices autoproclamées d'autodéfense, se dit de son côté prête à faire des concessions "si c'est dans l'intérêt du pays", selon Igor Lamaka, représentant des antibalaka emmenés par Patrice-Edouard Ngaissona, récemment transféré à la Cour pénale internationale (CPI).

- L'absence d'Ali Darassa -

Si Noureddine Adam sera bien à Khartoum, Ali Darassa, leader d'un autre groupe armé important, l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), sera absent.

Il a estimé que les récents combats mi-janvier entre l'UPC et des soldats de l'ONU à Bambari ne "permettent pas" sa présence au dialogue, mais son groupe y sera malgré tout réprésenté.

Une interrogation subsiste autour de la mise en place annoncée d'un comité de suivi si un accord est trouvé.

"Comment le gouvernement pourra contraindre les groupes armés à respecter leurs engagements?", se demande un homme politique centrafricain d'opposition.

"La paix est nécessaire et elle l'est maintenant", martèle Anicet Nemeyimana, directeur pour la Centrafrique de l'ONG Catholic Relief Services. "L'accès humanitaire dans certaines régions est devenu complètement coupé".

"Il faut dialoguer pour sauver ce qui peut encore l'être", abonde Martin Ziguélé, ancien Premier ministre (2001-2003) et président d'un parti de la majorité qui participera au dialogue.

La dernière médiation en date remonte à 2017, sous l'égide de l'Eglise catholique: les groupes armés avaient repris les armes moins de 24 heures après la signature d'un accord, et une centaine de personnes avaient été tuées à Bria (centre).

Pour l'heure, seules les médiations locales, notamment menées par l'Eglise, semblent aboutir. "Il serait plus utile de renforcer les processus de dialogue et de médiation au niveau local", corrobore le groupe d'analyse International Crisis Group (ICG).

L'ICG déplore le "peu d'effet" des médiations internationales, notant qu'elles ont néanmoins "l'avantage de mobiliser l'attention internationale sur la crise centrafricaine".

Avec AFP

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