Un kamikaze s'est fait exploser dimanche matin au milieu d'une foule dense à l'entrée d'un centre d'enregistrement électoral où les électeurs récupéraient leur pièce d'identité avant de s'inscrire en vue des législatives prévues en octobre.
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Le bilan s'établissait dimanche soir à 57 morts et 119 blessés, très majoritairement civils et membres de la minorité chiite hazara, une communauté régulièrement ciblée par les extrémistes sunnites de l'EI. Deux policiers ont également été tués et cinq autres blessés selon la police de Kaboul.
Les funérailles des victimes, démarrées quelques heures après l'attaque, se sont poursuivies lundi matin en présence de centaines de personnes. Une dizaine de tombes fraîchement creusées étaient visibles au petit matin dans l'un des principaux cimetières chiites de Kaboul.
Cette attaque était la troisième de la semaine, mais de très loin la plus violente, contre des centres d'inscription électoraux, qui avaient jusqu'alors fait un mort vendredi, lorsqu'une roquette était tombée sur l'un de ces centres dans la province de Badghis (Nord-Ouest).
Comme après chaque attentat d'ampleur, la colère s'est emparée des réseaux sociaux du pays, les citoyens privilégiant ce mode d'expression face au danger permanent encouru dans les rues.
Les citoyens afghans jugent leur gouvernement incapable de les protéger, alors que le niveau d'insécurité ne cesse de progresser dans le pays, et que les civils sont toujours plus ciblés, notamment dans la capitale.
"Ils (l'Etat) les arrêtent, puis ils les relâchent pour tuer des innocents", accuse l'un d'eux, Ahmad Ahmadi, sur Facebook.
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"Ce gouvernement crée intentionnellement du chaos pour continuer son mandat illégalement, tance un autre, Aminullah, également sur Facebook. La seule manière d'aller de l'avant est de voter et de se débarrasser de ce gouvernement corrompu".
Khybar, de son côté, avoue "ne plus savoir quelle est la solution". "Allez-vous voter cette fois-ci, les gars ?", interroge-t-il. "Nous avons voté la dernière fois, pour être tués maintenant".
- Premières législatives depuis 2010 -
Violences et attentats sont les principaux obstacles au bon déroulement des élections, admet la Commission électorale (IEC), qui a ouvert les centres d'inscriptions dans les écoles et les mosquées, tous gardés par des policiers qui fouillent les électeurs à l'entrée.
L'IEC espère enregistrer les 14 millions d'Afghans adultes dans les deux prochains mois.
Ces législatives seront les premières depuis 2010, et ce scrutin le premier depuis la présidentielle de 2014, préalable à celle de 2019.
Elles auraient dû avoir lieu il y a trois ans pour remplacer les 249 députés qui siègent depuis 2010 et sont accusés de corruption et d'inaction.
Le président Ashraf Ghani a ordonné jeudi aux gouverneurs des 34 provinces d'accélérer le processus d'enregistrement. Il a aussi ordonné aux fonctionnaires de s'inscrire avec leurs familles et aux mollahs de sensibiliser la population.
Pas question dès lors d'interrompre les préparatifs du scrutin, a déclaré le porte-parole de l'IEC, Shafi Jalali, à l'AFP. "Nous tenons des réunions avec les forces de sécurité presque tous les jours et elles nous ont garanti qu'elles assureraient la sécurité de tous les centres d’inscription. Le processus n'a pas été interrompu et il se poursuivra", avait-il indiqué.
Un autre membre de l'IEC, Mohazullah Daulati, a toutefois admis que la sécurité et la participation demeuraient un sujet d'inquiétude. "Nous espérons que les forces de sécurité empêcheront de telles attaques à l'avenir pour que les gens puissent s'inscrire sur les listes électorales dans un environnement pacifique", a-t-il déclaré lors d'une réunion retransmise par la chaîne Ariana TV.
La violence n'épargne pas le reste du pays. Dans la nuit de dimanche à lundi, une attaque attribuée aux talibans contre une base de l'armée afghane a fait au moins neuf morts parmi les militaires à Badghis (nord-ouest), selon le chef adjoint de la police de cette province, Ghulam Sarwar.
Avec AFP