Les 10 leaders sécessionnistes interpellés et extradés du Nigeria, devaient se présenter jeudi devant la justice à Yaoundé.
L’audience en habeas corpus devait se tenir devant le président de la cour d’appel du centre à Yaoundé, selon un mandat d’extraction signé du président de la cour d’appel du centre.
Le document dont VOA Afrique a obtenu copie, révèle aussi le lieu de détention des leaders sécessionnistes anglophones.
Il s’agit du Secrétariat d’état à la Défense, le quartier général de la gendarmerie nationale, un lieu hautement sécurisé.
Selon le droit "L'habeas corpus" énonce une liberté fondamentale, celle de ne pas être emprisonné sans jugement.
Cette loi confère le droit à toute personne arrêtée de savoir pourquoi et de quoi elle est accusée.
Des avocats exigent leurs libérations
Un collectif d'avocats camerounais a exigé "la libération immédiate" du leader anglophone Sisiku Julius Ayuk Tabe et de neuf autres militants arrêtés
"Nous demandons la libération immédiate de M. Ayuk Tabe parce qu'il a été illégalement arrêté au Nigeria et transporté au Cameroun dans des conditions terribles, dans un avion sans ceinture de sécurité", a déclaré à l'AFP Me John Fru Nsoh, chef d'un collectif de trois avocats constitué pour la défense de leaders anglophones.
Ce collectif a saisi la Cour d'appel à Yaoundé pour obtenir la libération de M. Ayuk Tabe et de neuf autres militants anglophones via une "procédure d'Habeas Corpus".
"Le colonel du SED" a dit qu'il n'avait "pas reçu (leur) mandat d'extraction. Le procureur lui a rétorqué que ce mandat avait été signé et envoyé au SED", a détaillé l'avocat.
Président autoproclamé de l'Ambazonie, nom de l'Etat indépendant que les séparatistes veulent créer au Cameroun anglophone, M. Ayuk Tabe et 46 autres militants anglophones avaient été arrêtés au Nigeria puis extradés fin janvier au Cameroun.
La situation sécuritaire s'est considérablement dégradée depuis fin 2016 dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, secouées par une profonde crise socio-politique qui s'est peu à peu muée en conflit armé de basse intensité. Les combats entre séparatistes armés et soldats y sont quasi quotidiens.
Plus de 175 membres des forces de défense et sécurité camerounaises ont été tués dans ce conflit ainsi que plus de 400 civils, selon les ONG. Aucun bilan n'est disponible du côté séparatiste.
Le Cameroun est dans l'attente de l'annonce des résultats de la présidentielle du 7 octobre, où la participation a été faible en zone anglophone. Lundi, Maurice Kamto, l'un des principaux opposants au président sortant et candidat Paul Biya, a déjà revendiqué la victoire.