"Deux des cinq détenus font partie des 12 dirigeants du groupe que le gouvernement nigérian a arrêté le mois dernier", a déclaré Abdul Oroh, qui a fourni un soutien juridique aux détenus, à Premium Times.
Le leader des séparatistes, Julius Ayuk Tabe et 11 autres personnes avaient été interpellé au cours d’une réunion à Abuja à Neha Hôtel le 6 janvier dernier.
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Dans une brève déclaration à la presse lundi 29 janvier, le porte-parole du gouvernement camerounais avait annoncé "qu'un groupe de 47 terroristes en tête desquels M. Ayuk Tabe" avaient été arrêtés puis extradés vers le Cameroun.
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Selon Abdul Oroh, il y a une incertitude sur le nombre de séparatistes expulsés et ceux encore en détention parce que le gouvernement nigérian n'a pas annoncé l'expulsion, célébrée par les autorités camerounaises comme une victoire majeure dans la répression contre Julius Ayuk Tabe et d'autres dirigeants de l'Etat autoproclamé Ambazonia dans les régions anglophones du Cameroun.
"Seulement 10 des 12 personnes arrêtées le 6 janvier ont été expulsées. Les deux autres ont résisté à l'expulsion en insistant sur le fait qu'ils sont de nationalité nigériane. John Ojong Okongho et Nsoh Nabowah Bih font partie des cinq personnes actuellement détenues ", a déclaré M. Oroh.
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Les trois autres, Winifred Augustine, ThankGod Genesis et Nasiru Bah, "ont été ramassés au hasard". La Nigériane Winifred Augustine a fait appel à sa détention et demande sa libération immédiate. Elle a été interpellée pour avoir logé les quatre Camerounais.
"Ils ont été amenés à la station de police mercredi dans un véhicule militaire avec des menottes et des chaînes de jambe avant d'être emmenés plus tard au poste de police d'Asokoro", a-t-il précisé. "Nous les avons interrogés et nous ont dit qu'ils sont convaincus d'avoir été arrêtés par des soldats camerounais".
"Nous devons savoir si les Camerounais peuvent venir au Nigeria, arrêter les gens et les envoyer à la garde de la DIA (Agence de Renseignement de la Défense) pour les emmener plus tard dans un avion militaire camerounais et les ramener au Cameroun.
"Je ne connais pas l'accord que nous avions avec eux (Cameroun) mais je ne pense pas que ce soit raisonnable. Ce problème devrait être étudié en profondeur", a-t-il déclaré aux journalistes de Premium Times.
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"Si ces gens ont un problème avec leur gouvernement et qu'ils sont venus au Nigeria pour se réfugier, nous devrions les protéger ou les remettre au haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés", at-il ajouté.
Les troubles au Cameroun ont commencé en novembre 2016, lorsque des enseignants et des avocats anglophones des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest sont descendus dans la rue, appelant à des réformes et à une plus grande autonomie.
Les manifestations ont été suivies par une répression sévère du gouvernement, ainsi que par des coupures d'Internet et des arrestations.
En octobre 2017, le groupe sécessionniste a déclaré l'indépendance de "État anglophone d'Ambazonia". Les groupes de défense des droits internationaux disent qu'entre 20 et 40 personnes ont été tuées dans des affrontements depuis fin septembre.
Selon Amnesty International, au moins 500 personnes ont été arrêtées à la suite de l'annonce.
Le HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, a indiqué avoir enregistré plus de 7.000 Camerounais des régions anglophones fuyant les troubles dans le pays au Nigeria.