Le directeur du Bureau pour l'éthique gouvernementale Walter Shaub a toutefois jugé que ce plan ne remplissait pas les normes suivies "par chaque président depuis quatre décennies" et a maintenu ses recommandations à M. Trump: "il doit céder ses parts. Rien d'autre ne permettra de résoudre ces conflits".
Lors d'une conférence de presse à New York, le président élu a déclaré: "mes deux fils ici présents, Don (Donald Jr, ndlr) et Eric, vont diriger la société. Ils la dirigeront de façon très professionnelle. Ils ne m'en parleront pas".
Concrètement, les actifs de M. Trump seront transférés, d'ici à son investiture le 20 janvier, dans un trust qui sera également géré par un associé de longue date, Allen Weisselberg, et supervisé par un conseiller éthique.
"Je pourrais diriger mon entreprise et diriger le gouvernement en même temps, mais je n'aime pas l'impression que ça pourrait donner", a affirmé Donald Trump.
Même s'il n'y est pas tenu par la loi, le président élu démissionnera de toutes ses fonctions à la Trump Organization et sera "totalement isolé de la gestion de l'entreprise", a assuré lors de la conférence de presse une de ses avocates, Sheri Dillon.
L'élection de M. Trump le 8 novembre a fait naître des craintes de conflits d'intérêt sans précédent, liés aux activités de son empire économique à l'étranger qui pourraient interférer avec la diplomatie des Etats-Unis.
La Trump Organization, qui réunit hôtels, immeubles de luxe et parcours de golf, est ainsi présente dans de nombreux pays alliés des Etats-Unis, notamment dans des zones hautement stratégiques comme la Turquie ou la Corée du Sud.
Pendant le mandat de M. Trump, le groupe ne nouera aucun nouveau contrat à l'étranger et mettra un terme à tous ceux en négociation afin de chasser encore davantage les soupçons de conflit d'intérêts.
Plus de 30 transactions sont affectées, a assuré Me Dillon, parlant de pertes immédiates de plusieurs "millions de dollars". M. Trump a lui-même assuré mercredi avoir décliné un contrat de "2 milliards de dollars" à Dubaï.
"Vigoureux examen"
La Trump Organization pourra certes nouer de nouveaux contrats aux Etats-Unis, mais ils seront soumis à un "vigoureux examen" et devront être formellement approuvés par écrit par le conseiller éthique du groupe, a ajouté l'avocate.
Selon elle, le président élu et ses deux fils aînés "sont déterminés à garantir que les activités de la Trump Organization seront au-delà de tout reproche et ne pourront pas être perçues comme tirant profit de la fonction de président des Etats-Unis".
M. Trump n'a toutefois pas été jusqu'à créer un "blind trust", qui aurait consisté à transférer les actifs de son empire dans une structure confiée à un gestionnaire indépendant sans aucun lien avec lui.
Il a également une nouvelle fois refusé de publier sa déclaration de revenus, qui pourrait montrer l'étendue de ses dettes et l'identité de ses créanciers.
"Le président élu ne doit pas être tenu de détruire l'entreprise qu'il a construit", a estimé Me Dillon, qui a par ailleurs tenté d'éteindre un autre potentiel conflit provenant, cette fois, de la Constitution.
La Loi fondamentale interdit à tout représentant élu de percevoir des "émoluments" venant de puissances étrangères et certains estimaient que M. Trump pourrait violer cette règle si des responsables étrangers séjournaient dans un de ses hôtels ou lui versaient un loyer pour un appartement dans une de ses tours de luxe.
"Payer pour une nuit d'hôtel n'est pas un cadeau ou une faveur", a assuré Me Dillon, ajoutant toutefois que M. Trump reverserait au Trésor américain tous les bénéfices tirés des séjours de responsables étrangers dans ses hôtels.
Mettant un point final à sa conférence de presse, M. Trump a toutefois laissé entendre qu'il ne resterait pas indifférent au sort de son entreprise.
A la fin de son mandat, a-t-il dit, il évaluera l'action de ses deux fils et a menacé, en cas de mauvaise gestion, de les congédier. "Je leur dirai: vous êtes virés", a-t-il plaisanté, reprenant l'antienne de son show de télé-réalité "The Apprentice".
Avec AFP