Comme à la coutumée, c’est aux allures de Nelson Mandela, la main toujours levée vers le ciel, que Paulin Makaya a quitté le palais de justice de Brazzaville pour rejoindre sa cellule de la maison d’arrêt.
L’opposant, de bleu-clair vêtu, et contre lequel le procureur de la République a requis cinq ans d’emprisonnement et 5 millions d’amende, a paru serein et défensif tout le long de l’audience de ce lundi. "Ce procès politique ne se gagnera pas devant votre tribunal. Il se joue dans les officines politiques", a-t-il lancé au président du tribunal, Valorien Embenga.
Paulin Makaya est poursuivi pour "atteinte à la sureté intérieure de l’Etat et trouble à l’ordre public".
Son avocat, Me Yvon Eric Ibouanga a dénoncé l’absence de preuves pendant les plaidoiries de ce lundi, confortant ainsi sa position de voir Paulin Makaya recouvrer sa liberté le 25 juillet prochain, date du verdict.
Sur place, Ngouela Ngoussou, correspondant pour VOA Afrique, analyse la situation.
Les autorités congolaises accusent M. Makaya d'avoir organisé et participé en octobre 2015 à une manifestation non autorisée contre le référendum constitutionnel ayant permis au chef de l'État Denis Sassou Nguesso de se présenter à la présidentielle du 20 mars.
Président d'une petite formation d'opposition, "Unis pour le Congo" (UPC), M. Makaya est emprisonné depuis le 23 novembre 2015. Il est considéré comme un "détenu politique" par plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme.
En février, Amnesty International avait appelé à sa libération immédiate. En mai, la branche française d'Acat (Action chrétienne contre la torture) avait lancé un appel similaire, estimant que M. Makaya était "détenu illégalement".
Proche de feu Bernard Kolélas, éphémère Premier ministre pendant la guerre civile de 1997 qui ramena M. Sassou Nguesso au pouvoir, M. Makaya est rentré au Congo fin 2014 après 17 ans d'exil.
Né en 1943, M. Sassou Nguesso, qui cumule plus de 32 ans à la tête du Congo, a été réélu le 20 mars dès le premier tour de la présidentielle, selon les résultats officiels, qualifiés de "forfaiture" par cinq candidats d'opposition.