Une mission de cinq équipes composées des techniciens du ministère de la Santé publique, des huissiers de justice, des représentants des ordres des médecins et pharmaciens, les agents du service de sécurité et des communes d’arrondissements, doit faire le travail durant dix jours.
Sous d’autres cieux, la pharmacie est détenue par les professionnels. Mais au Tchad, ce métier est banalisé.
Il est devenu un commerce ordinaire que n’importe qui peut créer sans aucun respect des dispositions légales.
Le constat a été fait par les autorités sanitaires qui décident d’aller en guerre contre ce faux corps médical.
Car, certaines de ces pharmacies détenues par des non-professionnels, vendent à la population des médicaments aux origines douteuses.
"Je demande aux chefs d’équipes, de prendre toutes les mesures conservatoires à chaque constat d’irrégularités ou de pratique douteuse à travers une fermeture provisoire pour que si besoin soit, la situation soit régularisée avant une réouverture éventuelle", a indiqué Aziz Mahamat Saleh, le ministre en charge de la Santé publique.
Le président de l’ordre des pharmaciens du Tchad Dr Haroun Badawi se réjouit de cette initiative. Toutefois, il demande aux hommes politiques de ne pas s’impliquer dans cette mission de contrôle.
"Que les hommes politiques laissent le ministère de la Santé les mains libres d’agir. Nous lançons un appel au ministère de la justice de soutenir cette initiative. Parce que par le passé, des contrevenants étaient décelés par le ministère de la Santé mais une fois arrivés au tribunal soit, ils ont obtenu un non-lieu soit, ils ont été simplement relaxés", se plaint Dr. Badawi.
Le président de l’ordre des médecins du Tchad Dr. Mbaiguinam Dionadji salue cette décision quand bien même elle est complexe. Pour lui, la solution serait l’abrogation du décret 1973 autorisant la création de ces officines.
"Ça parait complexe parce que, parfois se sont des gens qui sont à la base de ces ouvertures anarchiques-là qui se passent pour des contrôleurs alors, ils vont contrôler quoi ? Les dépôts pharmaceutiques ont, en réalité, été autorisés dans les années 1973. Il y avait un décret qui a permis aux infirmiers retraités et aux vétérinaires d’ouvrir les dépôts pharmaceutiques. La décision qu’on doit prendre, qui peut être légale c’est d’abroger ce décret de 1973. Désormais, dans une ville comme N’Djamena, on n’a pas besoin que des dépôts pharmaceutiques pullulent. On n’en a fait un commerce vulgaire alors que ces médicaments peuvent tuer comme guérir", déclare Dr. Dionadji.
"Ça leur rapporte de l’argent certes mais que ces détenteurs des pharmacies qui ne respectent pas les normes sachent que ces médicaments ont des effets secondaires surtout quand ils sont mal conservés. Donc, c’est mieux de les fermer", est d’avis un consommateur interrogé par VOA Afrique.
"Quelques fois, j’amène les enfants à l’hôpital mais les ordonnances coûtent trop chère. Donc je me procure des médicaments dans ces pharmacies-là qui nous rendent énormément de service", defend un autre consommateur.
"Quand vous débarquez chez quelqu’un qui n’a pas de notions basiques, quel conseil va-t-il vous donner ? C’est mieux de fermer ces pharmacies-là", plaide un troisième consommateur.
Sur le terrain, ces agents du ministère de la Santé contrôlent systématiquement le local, la qualification du gérant et du dépositaire, la liste des médicaments et l’uniformité du prix.
Les produits aux origines douteuses sont retirés des rayons.
Des remarques ont été également faites sur certains médicaments qui ne sont pas autorités à être vendus en pharmacie.