Samedi, dans une démonstration de force, les Etats-Unis ont fait voler des bombardiers stratégiques près des côtes nord-coréennes, afin, a précisé le Pentagone, d'envoyer un "message clair" à Pyongyang. Cette décision a aggravé la tension entre les deux pays, qui s'étaient échangés déjà toute la semaine des insultes et des menaces.
"Tous les Etats membres (de l'ONU) et le monde entier devraient clairement se rappeler que ce sont les Etats-Unis qui ont les premiers déclaré la guerre à notre pays", a déclaré lundi à des journalistes à New York Ri Yong Ho.
"Depuis que les Etats-Unis ont déclaré une guerre à notre pays, nous avons tous les droits pour prendre des contre-mesures, y compris le droit d'abattre des bombardiers stratégiques, même s'ils ne se trouvent pas encore dans l'espace aérien de notre pays", a ajouté le ministre nord-coréen.
Samedi, lors de son allocution devant l'Assemblée générale de l'ONU, Ri Yong Ho avait déjà dénoncé les propos tenus au même endroit quelques jours plus tôt par Donald Trump contre son pays, le qualifiant de "personne dérangée" et "mégalomane".
Lors de sa première allocution solennelle à la tribune des Nations unies, le président américain avait menacé de "détruire totalement" la Corée du Nord si ce pays attaquait les Etats-Unis.
Ces échanges verbaux, d'une violence rare à la tribune d'une institution censée garantir la paix et la sécurité dans le monde, ont provoqué l'inquiétude notamment de la Russie et de multiples appels au calme et à la sérénité.
- 'Irresponsabilité' -
Vendredi à l'ONU, Sergueï Lavrov avait réclamé que "les têtes chaudes se refroidissent". Il faut privilégier "l'approche raisonnable et non émotionnelle - au lieu d'avoir une cour d'école où les enfants se battent sans que personne ne puisse les arrêter", a-t-il dit.
Dans une interview diffusée dimanche, il a mis en garde contre "une catastrophe imprévisible" en cas de dérapage entre les deux pays. Selon lui, la crise actuelle peut être résolue à travers une approche plus souple. "Seulement avec des caresses, des suggestions et de la persuasion", a-t-il répondu à une question sur les moyens de mettre fin aux menaces de Pyongyang.
En un peu plus d'un mois, le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé à l'unanimité deux séries de sanctions économiques (les 5 août et 11 septembre) chaque fois plus sévères pour contraindre Pyongyang à revenir à une table de négociations. Les discussions entre grandes puissances et la Corée du Nord sur ses programmes d'armement sont arrêtées depuis 2009.
Washington a annoncé de nouvelles sanctions économiques unilatérales le 21 septembre.
Au vu du redoublement des tensions de ces derniers jours, la Corée du Nord semble vouloir rendre coup pour coup aux Américains, en matière militaire avec des essais nucléaires et des tirs de missiles balistiques survolant le Japon, jusqu'aux déclarations enflammées et menaçantes.
"Trump a affirmé que nos dirigeants n'allaient plus être au pouvoir pour longtemps", s'est insurgé lundi Ri Yong Ho. "La question de savoir qui ne restera pas là longtemps va trouver une réponse", a-t-il menacé.
Samedi, le ministre nord-coréen avait estimé que "personne d'autre que Trump lui-même est en mission suicide". "La raison profonde pour laquelle la Corée du Nord possède des armes nucléaires est liée aux Etats-Unis. Elle doit renforcer sa force nucléaire au niveau de celle des Etats-Unis".
"Notre force nucléaire nationale est (...) dissuasive pour mettre un terme à la menace nucléaire des Etats-Unis et pour empêcher une invasion militaire" américaine. "Notre but ultime est d'établir un équilibre de pouvoirs avec les Etats-Unis", avait-il insisté, en assurant que son pays était "un Etat nucléaire responsable".
La semaine dernière, la Corée du Nord a menacé de procéder à un essai de bombe H dans l'océan Pacifique. Ce serait "une démonstration choquante d'irresponsabilité sur le plan de la santé, de la stabilité et de la non-prolifération", a rétorqué lundi le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis. Sans toutefois répondre à une question lui demandant s'il s'agirait alors d'un acte de guerre.
Avec AFP