Voici les principaux points d'un rapport accablant de plus de 5.000 pages pouvant aboutir à des poursuites judiciaires.
Jacob Zuma
L'ex-président est accusé d'avoir été "un acteur central" dans le système mis au point pour piller l'argent public au profit d'un cercle de politiciens et de puissants hommes d'affaires d'origine indienne, les frères Gupta.
Poussé à la démission en 2018, Jacob Zuma est en liberté conditionnelle pour raison médicale, condamné à 15 mois de prison pour avoir refusé de témoigner devant la commission anti-corruption. Son incarcération en juillet avait provoqué une vague inédite de violences qui ont fait plus de 350 morts.
L'enquête a démarré en août 2018. Après plus de 400 jours d'auditions, plus de 300 témoins, près de 1.500 personnes sont mises en cause dont M. Zuma. Décrit comme le "pantin" des frères Gupta, dont deux d'entre eux ont été arrêtés en juin à Dubai, le rapport estime que "dès le début de son premier mandat, le président Zuma était prêt à faire tout ce que les Gupta voulaient". Une demande d'extradition d'Atul et Rajesh Gupta est en cours.
Siphonner
Les entreprises publiques ont été la principale cible de la vaste machination qui a permis de détourner l'équivalent d'au moins 30 milliards d'euros, selon une estimation de M. Ramaphosa.
Electricité, transports, aviation, défense, média, tous les secteurs ont été méthodiquement siphonnés. La richissime famille Gupta est accusée d'avoir exercé des pressions pour empocher des contrats publics douteux, influençant le choix des personnes nommées aux postes clés et de certains ministres. Après des années de mauvaise gestion, le secteur public est aujourd'hui à l'agonie et pèse dans le budget de l'Etat qui a régulièrement lancé des sauvetages.
Cyril Ramaphosa
Vice-président à l'époque de la "capture d'Etat", nom employé dans le pays pour désigner les années de corruption rampante, M. Ramaphosa est coupable d'inaction, selon le juge Zondo. L'actuel président a juré d'éradiquer la corruption en succédant à Jacob Zuma mais il a lui-même été appelé à témoigner devant la commission. Ses réponses sur ce qu'il savait sont "opaques", estime le rapport.
M. Ramaphosa aurait pu agir, "en tant que vice-président, il avait certainement la responsabilité de le faire". "Le président a décrit en détail les options qu'il avait envisagées en tant que vice-président (...) et les efforts menés en tant que président pour mettre fin à l'abus des ressources publiques", a indiqué jeudi la présidence dans un communiqué.
L'ANC
Le Congrès national africain (ANC), parti historique au pouvoir, "a permis, soutenu et rendu possible la corruption et la capture d'État", estime le rapport. Le parti a "déployé des personnes aux plus hauts postes de l'Etat" et l'organisation, qui a la majorité au Parlement, a laissé "la capture d'Etat se produire sous son contrôle". Plusieurs responsables sont mis en cause.
L'ANC doit décider d'ici décembre s'il investit ou non Cyril Ramaphosa pour briguer un nouveau mandat en 2024. En Afrique du Sud, l'Assemblée nationale, élue, désigne le président au scrutin indirect. Selon le rapport, ce système qui a permis de mettre à la tête du pays "quelqu'un qui agirait comme le président Zuma" est défectueux. Le rapport recommande une élection du président de la République au scrutin direct.
Les poursuites
La commission a un rôle uniquement consultatif mais ses conclusions peuvent être transmises au parquet. Cyril Ramaphosa a indiqué mercredi qu'il annoncera dans un délai de quatre mois d'éventuelles poursuites judiciaires.
Le juge Zondo, qui avait déjà recommandé des poursuites contre plus de 130 personnes dont plusieurs anciens ministres, a ajouté à sa liste le fils de Jacob Zuma, Duduzane, pour avoir facilité les transactions avec les frères Gupta. Ainsi que l'ancien chef des renseignements, Arthur Fraser, à l'origine d'une récente plainte pour corruption visant M. Ramaphosa, autour d'une histoire gênante de cambriolage.