Dans ce duel à quitte ou double, le technicien belge joue, au-delà de son poste, la place des Ivoiriens dans le quintet des grandes nations africaines. Depuis sa nomination fin mars, l'ancien sélectionneur des "Diables Rouge" a multiplié les contre-performances notamment dans le sprint final (défaite à domicile contre le Gabon 2-1, nul contre le Mali 0-0), alors que la route vers une 4e participation d'affilée au Mondial semblait dégagée...
Pour Renard, l'homme qui a permis à la génération dorée des "Eléphants" de conquérir enfin un trophée continental en 2015, la dynamique est inverse. Grâce à ses deux cartons contre le Mali (6-0) et le Gabon (3-0), les "Lions de l'Atlas" n'ont besoin que d'un nul samedi pour s'envoler en Russie, après 20 ans d'absence en Coupe du monde.
Pour éviter ce scénario, Wilmots a affiché un discours très volontariste pour galvaniser une équipe en perdition depuis son élimination au 1er tour de la CAN-2017 à cause du... Maroc !
"On a besoin d'une équipe qui va aller au combat et que tout le monde soit apte à jouer 90 minutes à 200%, à donner tout pour son pays et sa nation", a-t-il prévenu.
Drogba et Yaya Touré en soutien ?
"On sait ce qu'on doit faire: on doit gagner. Ca c'est un avantage", veut croire Wilmots, qui s'affiche "serein". "Je suis content de ne pas calculer. C'est la pire des choses qui peut vous arriver, que vous ne sachiez pas quoi faire. Il y a une demi-équipe qui dit +je veux défendre+ et une autre qui dit +je veux attaquer+".
Pour réussir sa mission, la presse ivoirienne affirmait cette semaine que les deux légendes du foot ivoirien Didier Drogba et Yaya Touré seront présents à Abidjan pour soutenir leurs successeurs, tandis que Kolo Touré sera sur le banc en tant qu'adjoint.
L'autre motif d'espérance des supporters ivoiriens est le retour de blessure du feu follet Gervinho pour tenter de fendre l'imperméable défense marocaine (0 but encaissé en cinq matches), alors qu'Eric Bailly, le patron de la défense, est suspendu pour cette "finale", et que le métronome du milieu Jean Michaël Séri est blessé.
"Gervais (Gervinho) est en manque de rythme et on verra. Mais c'est un joueur qui dans les 25 minutes peut faire exploser un match. Rien que par sa présence, il peut être un déclencheur", souligne Wilmots.
La guerre des billets
D'abord conspué de toute part au lendemain de sa nomination à la tête du Maroc, Renard a réussi depuis à faire l'unanimité. A la veille de l'un des matches les plus importants de sa carrière, commentateurs et médias locaux louent le "meneur d'hommes", qui a permis par exemple en janvier dernier d'accéder au 2e tour d'une CAN pour la première fois depuis 13 ans.
"Renard nous a prouvé que nous avions tort de le critiquer", a concédé l'ancien international Mustapha Bidoudane. L'homme à la chemise blanche a, selon lui, "réussi à mettre en place une équipe performante, combative, soudée. Les supporters lui font désormais confiance et ont la conviction qu'il peut nous emmener au Mondial".
Outre l'ascendant psychologique de son équipe depuis le nul à l'aller (0-0) en novembre 2016 et la leçon tactique infligée lors de la CAN (1-0, alors que les tenants du titre ivoiriens étaient jusque-là invaincus), Renard a l'avantage de connaître à la perfection ses anciens joueurs.
Et si le stade Félix Houphouët-Boigny risque d'être archi-comble, rien ne dit qu'il sera totalement acquis à la cause ivoirienne. En dépit des 400 billets mis à la disposition du Maroc -- contre les 8.000 réclamés, selon la presse -- plusieurs milliers de supporters marocains feront le déplacement à Abidjan dans des vols spéciaux affrétés par la compagnie aérienne publique. Cela risque d'être bouillant!
Avec AFP