Le ministre congolais des Affaires étrangères a profité de son passage à la réunion informelle de l’ONU sur les élections en RDC à New York pour hausser le ton.
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"J’émet de sérieuses réserves par rapport au rapport des Nations unies qui ont voulu placé la situation humanitaire au Kasaï au même titre que la situation au Yémen ou même en Syrie. Je pense que même une personne qui n’a pas été en RDC ne peut pas comprendre que, sur la situation humanitaire, on puisse comparer la RDC au Yémen ou même à la Syrie. C’est quand-même terrible ", a tonné Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise.
"La RDC n’est pas l’enfer des droits de l’homme que l’on veut bien présenter à tort", a affirmé le ministre congolais.
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Il répondait en fait à une présentation faite juste avant lui par Ida Sawyer, principale chercheuse de Human Rights Watch, expulsée en 2016 de la RDC.
"Le réquisitoire que vous avez fait est tout à fait péremptoire. Vous dites qu’on va faire le référendum. A quel moment on va faire le référendum ?" a rétorqué M. Okitundu à la principale chercheuse de Human Rights Watch.
Mme Sawyer a, pour sa part, étalé une litanie de violations des droits de l’homme répertoriés au Congo, évoquant, outre les brimades des forces de sécurité contre des manifestants et des leaders religieux, le silence du président Joseph Kabila par rapport à sa représentation à la présidentielle.
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L’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, qui prenait part à la réunion a, elle, demandé aux officiels congolais des actions en lieu et place de s’énerver.
"Pendant que tu t’énerves à propos des commentaires négatifs sur la RDC, je vais te dire : plutôt que d’exprimer tes frustrations, nous apprécierons de bonnes actions dans le chef de la RDC qui doit s’assurer qu'elle écoute son peuple et travaille avec la CENI et les partenaires originaux en vue des élections libres, démocratiques et transparentes. Nous attendons en fait de bonnes actions au lieu de s’en prendre aux évêques et à d’autres personnes. Rendez-vous compte que votre gouvernement est responsable des souffrances dans ce pays et que vous êtes les seuls à pouvoir y remédier", a tranché Mme Haley.
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La RDC, en crise pour la non-tenue d’élections, est secouée par des marches anti-Kabila initiées par des laïcs catholiques. Les deux dernières tenues les 31 décembre et le 12 janvier, réprimées par les forces de sécurité, ont fait une quinzaine de morts, selon les organisateurs et l’ONU.
Les autorités ont interdit toute manifestation depuis octobre mais les laïcs catholiques ont appelé à une nouvelle marche le 25 février prochain.
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L’opposition, mais aussi la société civile et les églises exigent l’application complète d’un accord politique négocié par des évêques catholiques le 31 décembre 2016 pour permettre le report des élections.
Le président Kabila, au pouvoir depuis 2001, avec un mandat expiré le 19 décembre 2016, s’est maintenu au pouvoir faute d’élections. La Constitution ne l'autorise pas à se représenter parce que déjà élu par deux fois à la tête du pays.
La CENI (Commission électorale nationale indépendante) a, en décembre, reporté une énième fois les élections pour le 23 décembre 2018, soit une année après la date prévue par l’accord politique.
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Cette date ne pourra être respectée qu’avec l’usage de la machine à voter, quoi que sujet à controverse dans le pays, a déclaré Corneille Nangaa, président de la CENI, dans une interview à VOA Afrique, à Washington.
L’opposition et une bonne partie de la société civile "n’acceptent pas le recours à la machine à voter qu’ils suspectent d’être programmée en vue de faire passer la tricherie en faveur du pourvoir", a confié également à VOA Afrique, Patrick Ngoyi, de l’ONG Ligue des électeurs.
Les présidents Sassou, Lourenço et Kabila ont aussi examiné mercredi dans lors d'un mini-sommet à Kinshasa plusieurs points concernant la sécurité dans la région des Grands lacs.
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Ils se sont félicités entre autres de l’accord de paix dans la région du Pool, au Congo, du retour à un clame (précaire) dans la Kasaï et encouragé la collaboration de la république d’Angola par la réouverture de ses frontière pour un retour volontaire et dans la paix des ressortissants congolais ayant refuge sur son territoire.
Quant aux rebelles rwandais des Forces démocratiques pour la libération (FDRL), ils ont rappelé l’engagement non encore exécuté de la communauté internationale de les délocaliser. Les FDRL sont toujours cantonnés dans quelques contrées de la RDC, rappellent-ils.