Le 21 mars, au terme d'un procès ouvert en novembre 2010, la Cour pénale internationale (CPI) a reconnu l'ancien chef rebelle du nord de la République démocratique du Congo (RDC) coupable de cinq crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis en 2002 et 2003 en Centrafrique, en vertu du principe de la "responsabilité du commandant". Leur jugement était le premier à avoir condamné le recours au viol comme un crime de guerre.
"C'est à cause de ce que j'ai vécu que je suis dans ma situation actuelle, je suis profondément déprimée", a assuré la "Victime 555", qui témoignait via vidéoconférence depuis Bangui : "j'ai eu des pensées suicidaires".
La jeune femme avait été enlevée à l'âge de 15 ou 16 ans après que les soldats de la milice de Jean-Pierre Bemba, le Mouvement de libération congolais (MLC), se sont rendus en Centrafrique pour soutenir le président Ange-Félix Patassé, victime d'une tentative de coup d'Etat menée par le général François Bozizé.
"J'ai été violée de manière continue" pendant les quatre ans qu'ont duré sa détention, a-t-elle expliqué aux juges, soulignant vouloir témoigner de sa souffrance et des "conséquences que cela a sur la vie que je mène aujourd'hui".
La jeune femme était parvenue à s'échapper et à rentrer chez elle avec un bébé né de ces viols répétés. Stigmatisée comme "femme de rebelle", elle était partie s'installer à Bangui avec trois autres enfants conçus après sa captivité.
Jean-Pierre Bemba, 53 ans, vice-président de RDC entre 2003 et 2006, encourt jusqu'à 30 ans de prison, voire la perpétuité si les juges estiment que l'"extrême gravité du crime" le justifie. Il a déjà passé huit années en détention.
Témoin cité par la défense, l'évêque catholique Fridolin Ambongo avait notamment cherché lundi à démontrer que Jean-Pierre Bemba et le MLC avaient joué un rôle dans l'établissement "de la paix et de la stabilité" dans la province de l'Equateur, au nord-ouest de la RDC.
Une troisième journée d'audience est prévue mercredi.
Avec AFP