D'après les derniers chiffres des Nations unies, 582.000 musulmans rohingyas ont fui la Birmanie depuis le 25 août, pour se réfugier au Bangladesh voisin.
La crise a débuté quand les rebelles de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), dénonçant les mauvais traitements subis par la minorité rohingya en Birmanie, ont attaqué des postes de police fin août entraînant une répression sévère de l'armée.
Amnesty international estime qu'il est temps d'"interrompre la coopération militaire, d'imposer un embargo sur les armes et d'imposer des sanctions ciblées contre les responsables d'atteintes aux droits humains".
En se basant sur l'analyse d'images satellites et de témoignages de survivants, l'ONG dit détenir de nouveaux éléments qui "attestent de crimes contre l'humanité systématiques visant à terroriser et chasser les Rohingyas".
Meurtre, expulsion, torture, viol, persécution et privation de nourriture sont utilisés à grande échelle. Et des dizaines de témoins des pires violences ont "de manière récurrente désigné des unités spécifiques, dont la Western Command de l'armée du Myanmar, la 33e division d'infanterie légère et la police des frontières", écrit Amnesty.
"Au regard de leurs dénégations, les autorités birmanes ont pu penser qu'elles pouvaient commettre des meurtres à grande échelle en toute impunité", a estimé Tirana Hassan d'Amnesty International.
"L'armée birmane ne peut pas se contenter de balayer les graves violations sous le tapis en annonçant, pour la forme, une énième enquête interne. Le commandant en chef de l'armée doit prendre immédiatement des mesures afin d'empêcher ses troupes de commettre des atrocités", a-t-elle ajouté.
L'organisation note que l'armée birmane s'est "surtout déchaînée dans des villages précis, situés dans le secteur où l'ARSA avait mené ses attaques". "A Chut Pyin et Min Gyi, le bilan était particulièrement lourd, les forces de sécurité ayant tué de nombreux Rohingyas - hommes, femmes et enfants".
L'armée birmane, qui a ouvert une enquête interne, continue à nier toutes les exactions. Et Min Aung Hlaing, son chef, a de nouveau estimé que la communauté internationale exagérait le nombre de réfugiés rohingyas et rappelé que pour lui ces derniers ne faisaient pas partie du pays.
Les Rohingyas représentent la plus grande population apatride au monde depuis que la nationalité birmane leur a été retirée en 1982, sous la junte militaire.
Victimes de discriminations, ils ne peuvent pas voyager ou se marier sans autorisation. Et ils n'ont accès ni au marché du travail ni aux services publics comme les écoles et hôpitaux.
Avec AFP