Les agents de l'APS pointent du doigt le manque de considération de l’Etat qui ne lui a toujours pas donné le statut de société nationale qui lui permettrait d’avoir les ressources nécessaires à sa bonne marche.
Au ralenti depuis plusieurs années, l’agence est pratiquement inactive aujourd’hui. A quelques mois de ses 60 ans d’existence, l’APS est plus proche d’une fin malheureuse que d’un anniversaire en toute beauté.
Doyenne de la presse sénégalaise, l’APS agonise, elle manque de tout : d'ordinateurs fonctionnels, de fonds pour terminer l’année en cours. Elle ne dispose même plus de connexion internet.
L’APS est à l’arrêt et ses travailleurs démoralisés sont en grève depuis une vingtaine de jours.
"Si l’APS continue à être gérée comme elle l’est aujourd’hui, elle va disparaître. Le fil de l’APS est un fil très famélique avec vraiment un minimum d’informations. Cela ne doit pas être le cas, simplement parce que la motivation n’y est plus.
Quand tu es travailleur, agencier et que tu n’as même pas le minimum. Si tu quittes la région de Diourbel pour aller à Bambey à moins de 20 km et que tu n’as pas de moyens de le faire par toi-même, ça se complique."
"Ce sont toutes ces questions-là qui expliquent qu’on a décidé de marquer un arrêt pour la résolution définitive du problème ", se plaint à VOA Afrique Bamba Kassé, le secrétaire général de la section syndicale de l’APS.
En pleine crise, l’APS a déjà licencié 44 contractuels et prestataires pour essayer d’équilibrer ses comptes. Le directeur général Thierno Birahim Fall évoque un manque de financement chronique pour justifier cette situation.
"C’est un problème surtout financier et on a cumulé beaucoup de dettes. Nous sommes arrivés à un point où il faut aller vers une restructuration de l’agence de presse sénégalaise en la dotant de suffisamment de moyens et de ressources indispensables à son fonctionnement", affirme à VOA Afrique M. Fall.
La restructuration de l’APS traîne depuis trop longtemps d’après le journaliste Patrick Mendy. Soutien inconditionnel des travailleurs de l’APS, ce doyen de la presse sénégalaise estime qu’il est temps que les confrères se mobilisent pour éviter la disparition de la première source d’informations au Sénégal.
"Ce que les travailleurs de l’APS veulent c’est très simple, c’est un changement de statut, c’est une restructuration de cette entreprise. Je pense que depuis au moins 20 ans, on parle de la restructuration de l’APS. Je crois qu’il est temps de franchir le rubicond. Aujourd’hui, c’est le moment d’appeler les autres camarades qui sont dans le service public, de marquer leur solidarité ", appuie M. Mendy.
Les autorités annoncent, de leur côté, des mesures pour faire passer l’APS du statut d’établissement public à caractère industriel et commercial au statut de société nationale. Le professeur Moustapha Samb est le président du conseil d’administration de l’APS, il affirme que le chef de l’Etat s’est personnellement impliqué pour mettre fin à la crise qui secoue l’Agence.
"Le président a compris qu’aujourd’hui l’APS ne peut pas continuer à avoir les mains liées, à compter sur un budget modeste et à travailler tout en n’ayant peu de marge de manœuvre. Le président a voulu en faire une société nationale pour permettre à l’APS de s’ouvrir et augmenter ses capacités et l’Etat va augmenter considérablement le budget. Et, à ce moment-là, l’APS va pouvoir mener une politique digne de ce nom, capable de nous sortir de l’ordinaire", explique M. Samb.
Premier fournisseur d’informations au Sénégal, l’Agence de Presse Sénégalaise vit des heures sombres et ses journalistes dénoncent des conditions de travail qui se détériorent de jour en jour.
Malgré ses difficultés, l’APS demeure la source privilégiée des médias locaux. En grève totale depuis le 6 septembre, les travailleurs de l’APS espèrent une réaction concrète de l’Etat pour éviter une mort certaine à la doyenne de la presse sénégalaise.