Quelques heures après l’annonce du décès du président Idriss Deby Itno, les autorités camerounaises ont déployé un dispositif sécuritaire léger autour de l’ambassade du Tchad à Yaoundé.
Sur place, l'ambiance est au recueillement, quelques ressortissants Tchadiens arrivent à l’ambassade pour s’imprégner des dernières nouvelles et partager leur tristesse entre compatriotes.
"J’ai reçu de nombreux de coups de fils des membres de la communauté, les gens me demandent ce qui s’est-il passé, car c’est notre père qui est parti, on garde beaucoup de bons souvenirs de lui", confie à VOA Afrique encore sous l’émotion Benjamin Madji, chef de la colonie tchadienne à Yaoundé.
Un livre de condoléances sera ouvert dans les locaux de l’ambassade, selon un officiel s’exprimant sous anonymat.
D'ores et déjà, le drapeau est en berne. Non loin de là, au lieu-dit rond-point Nnlongkak, deux jeunes Tchadiens parlent de la mort subite de leur président.
L'un d'eux, Simplice Hervé, vit au Cameroun depuis 8 ans: "On a suivi la nouvelle ce matin à la radio, ça nous as surpris, on se disait même que c’était faux. Maintenant que c’est vrai, tout ce que je peux dire c’est paix à son âme, il a bien travaillé pour le pays".
David est un autre jeune Tchadien vivant au Cameroun. "Je suis triste, je ne suis pas content de sa mort, c’était un bon président qui protégeait le pays. En soirée je fais appeler la famille pour savoir comment ça se passe dans le pays. Ce qu’on souhaite c’est qu’après lui qu’il y’ait la paix", renchérit-il.
Le Cameroun et le Tchad ont, sous Idriss Deby, entretenu des relations de coopération fructueuses sur le plan économique et militaire.
Mais à son arrivée au pouvoir, "Paul Biya se méfiait un peu de Deby parce qu’il avait pris le pouvoir par les armes", selon André Marie Dibamou, spécialiste des relations internationales.
Plus tard, au cours de ces 20 dernières années affirme André Dibamou, "il y a eu une sorte de complicité et de contact facile entre le Président Paul Biya et Idriss Deby".
Leurs rapports se sont davantage consolidés face à l'émergence d'un ennemi commun: Boko Haram. Dans le cadre de la lutte contre Boko Haram, le Cameroun et le Tchad ont fourni des troupes au sein de la force multinationale mixte.
"Avec la guerre contre Boko Haram, il a fallu que les deux hommes se fassent confiance, mais déjà en 2006, nous avons le pipeline Tchad-Cameroun qui est vraiment la matérialisation de toute la confiance entre les deux présidents", ajoute le spécialiste.
Dans un message de condoléance adressé à Mahamat Idriss Deby Itno, Paul Biya, souligne que la disparition du Maréchal Deby est "une immense perte pour l'Afrique centrale et le continent qu'il aura servi sans relâche et durant de longues années".