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Déguerpissements à Abidjan, Amnesty tire la sonnette d’alarme


Selon Amnesty International, des dizaines de milliers de personnes sont expulsées de force depuis janvier 2024.
Selon Amnesty International, des dizaines de milliers de personnes sont expulsées de force depuis janvier 2024.

Les déguerpissements de populations dans les zones à risque à Abidjan continuent de faire couler parler. Cette semaine, Amnesty international a fait une sortie pour interpeller le gouvernement ivoirien sur cette pratique. Elle plaide pour qu’il y ait un dédommagement des populations impactées.

Malgré leur détermination, les habitants d’Adjamé n’ont pas pu retenir les bulldozers venus pour casser leurs maisons. Des scènes de violences se sont produites entre les jeunes de la commune et des policiers, créant un véritable désordre urbain. C’est dans ce contexte que l’ONG Amnesty International a fait un communiqué pour interpeller les pouvoirs publics sur la situation.

"Les autorités ont évoqué des risques d’inondations pour expliquer la destruction massive des quartiers et l’expulsion des habitants. Quel que soient les raisons évoquées, il aurait fallu une concertation préalable avec les populations concernées, un préavis suffisant avant les démolitions, ainsi qu’une indemnisation juste et ou des solutions de relogement. Malheureusement à la date d’aujourd’hui, seules quelques familles ont été relogées ou indemnisées", regrette Kokou Hervé, directeur exécutif d'Amnesty international Côte d’ivoire.

Selon l’ONG humanitaire, des dizaines de milliers de personnes sont expulsées de force depuis janvier 2024. Le quartier populaire de Yopougon est l’une des communes à avoir été le plus touché par ces déguerpissements. Pour Sékou Sylla, habitant de cette commune, “Lorsque l’Etat de Côte d’Ivoire dit qu’il faut sauver des vies pour des vies, il faut déguerpir ces populations. Mais quand on les déguerpit, on ne pense pas à leur réinstallation, on ne leur donne pas des mesures d'accompagnement, finalement nous pensons qu’on vient encore les tuer. Parce que vous sortez 1000 personnes, dans une zone à risque et les 1000 personnes ne sont même pas suivies, vous voyez que ça crée beaucoup de choses dans la société."

Humaniser les opérations de déguerpissement ?

Ces derniers mois le gouvernement ivoirien a tenté d’humaniser les opérations de déguerpissement, mais le phénomène persiste toujours. Le dernier cas en date était au mois de juillet dans la commune d’Adjamé village. Face à cette pression gouvernementale, certaines populations qui ont déjà reçu une mise en demeure, ne savent plus quoi faire. Diarra Ibrahima dit résider dans la commune d’Attécoubé "depuis 25 ans ou 30 ans maintenant. Quand ils sont venus, ils nous ont dit que c’est une zone à risque et qu’ils vont casser le quartier. Ils nous ont posé plusieurs questions concernant la cour ; comment on fait quand il pleut etc. Moi je leur ai dit que s’ils veulent qu’on parte ce n’est pas un problème mais ils doivent nous dédommager. Ils ne nous ont pas donné de délais donc à tout moment ils peuvent intervenir", affirme Ibrahima.

Ce déguerpissement en masse n’a pas manqué d'interpeller les professionnels de la construction à Abidjan. Certains estiment que l’Etat doit être un peu plus indulgent dans les opérations de déguerpissement mais ils font appel également à la responsabilité des populations qui construisent dans des zones à risques.

"Nous avons à faire un gros travail, d’éducation de la population. Parce que si on arrive à de grandes situations de désastres, il y a une part qui incombe à notre mode de vie ou à notre mode de gestion de notre environnement. Et nous devons corriger cela. Parce que si on a un format de discipline dans la gestion de nos cités on peut avoir une meilleure gestion des phénomènes d’inondations", esquisse Joseph Amon, président de l’ordre des architectes de Côte d’Ivoire.

Déguerpissements à Abidjan : Amnesty International demande l’indemnisation et l’accompagnement des victimes
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Jusqu’à présent le nombre de personnes et de propriétés touchées par les démolitions n’est pas connu car les autorités n’ont pas procédé à un recensement systématique dans chaque quartier. Selon des données des autorités locales, 1 199 familles et 203 propriétaires du quartier Gesco, et 600 familles du quartier Abattoir ont perdu leurs maisons.

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