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Dans le quotidien des pêcheurs du lac Tanganyika


Les femmes préparent des morceaux de poisson Ndagale péchés dans le lac Tanganyika (VOA/ Christophe Nkurunziza).
Les femmes préparent des morceaux de poisson Ndagale péchés dans le lac Tanganyika (VOA/ Christophe Nkurunziza).

Le lac Tanganyika, un des plus profonds d’Afrique, regorge de plusieurs espèces de poissons de renommée internationale comme les poissons Mukeke et Ndagala. Certains sont exportés vers les pays voisins, d’autres consommés localement.

Le lac est un vraie richesse économique pour la région. Et les poissons ont de plus en plus de succès, ce qui fait sans cesse augmenter les prix.

Pour les habitants de la capitale et des régions qui ont un littoral avec le lac Tanganyika, le dangla et le Mukeke sont considérés comme de belles prises. Mais les pêcheurs doivent respecter les six jours mensuels où il est interdit de travailler.

Notre correspondant Christophe NKurunziza s’est rendu sur la plage de Kajaga, à 11 kilomètres à l’ ouest de Bujumbura.

Reportage de Christophe Nkurunziza Bujumbura, correspondant à Kajaga pour VOA Afrique
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À exactement 12 kilomètres à l’ouest de la capitale Bujumbura, des vagues matinales embrassent la plage du lac Tanganyika. Nous sommes à Kajaga, dans la commune de Mutimbuzi, en province de Bujumbura-Rural.

Les pirogues des pêcheurs sont accostées depuis très tôt ce matin. La pêche des Indagala, ce poisson qui nourrit beaucoup de familles burundaises de la plaine, n’est pas abondante depuis le début de ce mois de juin.

Le poisson Ndagale (VOA/ Christophe Nkurunziza)
Le poisson Ndagale (VOA/ Christophe Nkurunziza)

Au sol, quelques caisses de Ndagala sont posées en attendant que les vendeurs les distribuent moyennant 1000 francs burundais soit l’équivalent de la moitié d'un dollar américain.

Des piroguiers attendent impatiemment que leurs frères et collègues reviennent avec d’autres poissons consommables, très présents dans la région, comme le Kouhe, le Sangala et autres, qui se vendent à des prix exorbitants que le Burundais moyen ne peut pas s'offrir. Aruna Nahimana surnomme Canja a commencé le métier de pêcheur quand il avait 8 ans. Il a 28 ans aujourd'hui.

“Nous pêchons normalement toutes les espèces qui sont dans ce Lac Tanganyika", explique le pêcheur expérimenté, "il a ceux qui pêchent le ndagala, d’autres les sangala et singa, ibiramba, ibibonde, et chaque espèce exige certains moyens pour les capturer. Il y a des poissons qui exigent la présence des filets que l’on achète en Chine. Des filets qui ont de gros yeux tels que l’exige la loi. Et ca nous aide dans notre vie de pêcheur.”

Vue sur le lac (VOA/ Christophe Nkurunziza)
Vue sur le lac (VOA/ Christophe Nkurunziza)

​Aruna Nahimana revient sur la mesure du gouvernement de ne pas pêcher pendant six jours par mois.

“Un pêcheur a besoin d’aller dans le lac tous les jours. Mais ces jours de repos nous aident à aller voir la famille. Ces six jours permettent de s’occuper des enfants", se réjouit Aruna Nahimana.

Et la météo leur sourit également : "D’habitude, il n'y a pas de problème de vent, ce qui permet aux pêcheurs de ne pas avoir énormément d’accidents. On peut même entrer dans l’eau à deux heures du matin quand il n'y a plus de vent pour aller pêcher le ndagala".

S’il est vrai que le ndagala est le poisson que l’on trouve souvent a cette plage de Kajaga, il arrive que de gros poissons soient également capturés par les pêcheurs.

Aruna Nahimana (VOA/ Christophe Nkurunziza)
Aruna Nahimana (VOA/ Christophe Nkurunziza)

“On peut acheter les gros poissons à vingt cinq milles, vingt, ce sont de gros poissons. S’ils sont petits, le prix varie entre 5000 et 8000 dollars américains. Mais ici, on ne trouve pas du poisson Mukeke, car aux alentours, il y a beaucoup d’usines qui font couler des déchets et des acides directement dans le Lac. Le Mukeke aime l’eau dense et claire, mais des rivières déversent de l’eau sale dans le lac", se plaint-il.

Cet autre pêcheur a déjà passé 20 ans sur les eaux du lac Tanganyika. Il n’utilise pas de gris gris pour la pêche : “On n'utilise pas de gris gris. C’est Dieu seul qui nous protège. Nous travaillons la nuit pour le Ndagala. Mais il y a d’autres qui pêchent pendant la journée, ou sous le soleil pour les gros poissons. Et nous pêchons très peu de poisons. On n a pas de Mukeke à cause des rivières polluées qui coulent dans le Lac.”

Une mère de famille qui vit de la cuisine des poissons pêchés dans le lac (VOA/ Christophe Nkurunziza)
Une mère de famille qui vit de la cuisine des poissons pêchés dans le lac (VOA/ Christophe Nkurunziza)

Sur cette plage, un petit commerce est né. Des mamans vendent le ndagala fumé et d’autres font des brochettes de Ndagala. Cette maman parvient à gagner au moins un dollar par jour quand elle est sur cette plage qui lui est fétiche.

“Je me présente ici le matin avec 10 000 francs burundais. J'achète du ndagala 10 000 francs que j’ai pris comme dette et je revends. Je peux gagner 1000 ou 2000 francs burundais et je rembourse les 10 000. Et les enfants peuvent avoir à manger avec cet argent gagné”, explique-t-elle.

La Lac Tanganyika est le plus long lac d’eau douce du monde. Il est le deuxième lac africain par la surface après le Lac Victoria mais aussi le deuxième au monde par le volume et la profondeur après le Baikal.

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