"Les mots que je viens d'entendre du président du Conseil de souveraineté (la plus haute autorité du Soudan, NDLR) sont très encourageants", a déclaré le procureur de la CPI lors d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane, arrivé au pouvoir lors du coup d'Etat d'octobre dernier. "Le défi consiste maintenant à les mettre en pratique" a-t-il ajouté, préciseant que M. Burhane s'est engagé à "ce que justice soit rendue pour le peuple du Darfour".
Karim Khan est actuellement en visite au Soudan, où il a rencontré mardi le numéro deux du régime militaire Mohamed Hamdan Daglo avant de s'entretenir mercredi avec le général Burhane. Lors de ses visites sur le terrain dans la région agitée du Darfour, il a visité trois camps de déplacés, dont celui de Kalma.
Le Darfour a été ravagé par une guerre civile qui a débuté en 2003 entre le régime à majorité arabe d'Omar el-Béchir et les insurgés issus de minorités ethniques dénonçant des discriminations. M. Béchir avait envoyé la milice armée des Janjawids pour mater la rébellion.
Selon les organisations de défense des droits humains, M. Béchir et ses supplétifs ont pratiqué une politique de la terre brûlée, violant, tuant, pillant et incendiant les villages.
Il a depuis été renversé en 2019 puis emprisonné et reste sous le coup d'un mandat d'arrêt de la CPI, tout comme d'autres figures de l'ancien régime, pour "crimes contre l'humanité" et "génocide" au Darfour. Le conflit a fait environ 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon les Nations unies.
Mercredi, le procureur de la CPI a souligné l'importance d'enquêtes "indépendantes" et "crédibles" après avoir regretté la veille, pendant une intervention en visioconférence auprès du Conseil de sécurité de l'ONU, le "recul" de la coopération des autorités soudanaises.
Le pays, déjà l'un des plus pauvres au monde, ne cesse de s'enfoncer dans le marasme politique et économique, depuis le coup d'Etat du 25 octobre. Ce putsch a fait dérailler la fragile transition démocratique instaurée après l'éviction de M. Béchir.
De nombreuses armes circulent encore au Darfour qui reste englué dans les violences malgré un accord conclu en 2020 entre les autorités à Khartoum et les principaux groupes rebelles parmi lesquels ceux du Darfour. Depuis, des chefs rebelles repentis ont rejoint le gouvernement.