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De Buenos Aires à Dakar : l'art pour reconstruire l'identité afro-argentine


Pendant les 18 et 19e siècles, les Noirs ou métis représentaient plus de la moitié de la population de certaines villes d’Argentine.
Pendant les 18 et 19e siècles, les Noirs ou métis représentaient plus de la moitié de la population de certaines villes d’Argentine.

La Biennale de Dakar a exploré l'histoire oubliée des Afro-Argentins, présentant un collectif d'artistes brésiliens et argentins qui déconstruisent l'image d'une Argentine déconnectée de ses racines africaines. Leurs oeuvres dénoncent cet oubli et cherchent à créer des ponts entre les cultures.

À l’hôtel de mairie des Parcelles assainies, en banlieue de Dakar, l’exposition Cartographies utopiques a présenté le travail d’un collectif brésilien et argentin, à l'occasion de la Biennale de Dakar qui a pris fin le week-end dernier au Sénégal. Boubacar Traoré est le commissaire d’exposition. Ce professeur d’histoire de l’art, installé à Buenos-Aires depuis plus de 30 ans, entend mettre en lumière le passé africain de l’Argentine, longtemps occulté, minimisé, voire objet de déni...

« Il fallait déconstruire ce discours d'exceptionnalité, c’est à dire cette historiographie présente en Argentine comme une exception, c’est à dire une portion de l’Europe en Amérique. Donc les oeuvres finalement ont voulu déconstruire ce discours", affirme Boubacar Traoré, commissaire de l’exposition Cartographies utopiques.

Pendant les 18 et 19e siècles, les Noirs ou métis représentaient plus de la moitié de la population de certaines villes d’Argentine. Et Buenos Aires était l’un des principaux port de débarquement des esclaves africains. Mais cette histoire n’est pas enseignée à l’école, comme nous raconte Emanuel Ntaka, artiste originaire de Buenos Aires, invité à chanter dans le cadre de la Biennale.

« On m’a toujours enseigné que les Africains, ou descendants d’Africains, avaient été exterminés… exclus de la société, à cause des maladies… des guerres avec le Paraguay, la triple alliance», explique Emanuel Ntaka, chanteur et activiste afro-argentin.

Né d’une mère argentine et d’un père sud-africain – chanteur et militant anti-apartheid – Emanuel a grandi dans cette double culture à Buenos Aires. C’est après une agression raciste en 2001, alors qu’il est dans sa vingtaine, qu’il se rapproche des milieux associatifs afro-descendants. « J’ai commencé à réaliser la réalité de notre société, qui est une société raciste, qui ne reconnaît pas nos ancêtres africains », confesse Emanuel Ntaka, chanteur et activiste afro-argentin.

Pour Emanuel Ntaka, ce premier voyage au Sénégal est une opportunité. pour se reconnecter à ses racines d’abord, mais aussi pour bâtir des passerelles entre les cultures. « Une de mes missions ici est de créer un pont, pour que dans le futur, plus d’Afro-argentins aient la possibilité de venir et de se connecter à leurs ancêtres", confie Emanuel Ntaka, chanteur et activiste afro-argentin.

D'après le dernier recensement réalisé en 2022 en Argentine, 0,7% de la population se déclare d'ascendance africaine. Un chiffre basé sur l’auto-perception, qui est, selon Emanuel Ntaka, sous-évalué.

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