"Vive le Rif", a crié depuis le box des prévenus ce chômeur de 39 ans devenu le visage du mouvement social qui a agité cette région frondeuse pendant plusieurs mois. Poursuivi notamment pour "atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat", il risque la peine capitale.
Le procès a été ajourné au 31 octobre à la demande de la défense.
Nasser Zefzafi comparaissait avec une trentaine de prévenus, qui pour leur part risquent entre 5 et 20 ans de prison, selon des informations obtenues sur place.
C'est la cour d'appel de Casablanca qui est chargée de juger en première instance les insurgés du Hirak -la "mouvance" en arabe, nom donné localement au mouvement de contestation né à Al-Hoceïma après la mort tragique d'un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordures.
L'audience s'est ouverte dans une ambiance houleuse, dans une salle trop petite pour accueillir la cinquantaine d'avocats, les dizaines de proches des accusés et le public.
'Conflit de compétence'
"Le procès ne se déroule pas dans des conditions normales. Vous voyez le nombre de policiers en civil ou en uniforme? L'Etat veut montrer que les accusés sont très dangereux, or c'est tout le contraire. Ce sont des gens très pacifiques, innocents, qui ont toujours eu des demandes économiques et sociales très normales", a déclaré à l'AFP Isaac Charia, un des avocats de la défense.
La défense est particulièrement remontée contre le fait que l'Etat s'est porté partie civile dans ce procès, ce qui génère un "conflit de compétence", selon lui.
Nasser Zefzafi, un ex-videur et gérant d'une boutique de téléphone portable, était devenu le porte-drapeau de la colère populaire dans le Rif avec ses diatribes enflammées contre "l'arbitraire du makhzen" (pouvoir).
Il avait été arrêté pour avoir interrompu, dans une mosquée d'Al-Hoceïma, le prêche d'un imam hostile au mouvement de contestation.
Par ailleurs, une vingtaine d'autres prévenus, parmi les contestataires arrêtés à Al-Hoceïma entre mai et juin et transférés à la prison de Casablanca, devaient comparaître mardi pour la quatrième fois devant la cour d'appel.
Ils sont poursuivis pour "atteinte à la sécurité intérieure de l'État", "tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage" ou encore "conspiration contre la sécurité intérieure".
La même cour doit aussi se pencher mardi sur le cas du journaliste et directeur du site d'information Badil, Hamid El Mahdaoui, poursuivi lui aussi en lien avec le mouvement du Hirak.
Avec AFP