"Pourquoi le monde arabo-musulman a-t-il tant de mal à apprivoiser des acquis démocratiques comme l'égalité statutaire des individus, la reconnaissance du pluralisme, et la liberté de conscience?" s’interrogeait Fatima Mernissi, professeur de sociologie à Rabat.
Outre "Sexe, idéologie, Islam» (1985) -ouvrage le plus connu- elle a publié notamment "Le harem politique: le Prophète et les femmes" (1987) où elle s'interrogeait sur la place des femmes dans l’Islam, et "La Peur-Modernité: conflit islam démocratie" (1992).
Fatema Mernissi dénonçait le patriarcat dans la culture musulmane. Son dernier ouvrage, "Les Sindbads marocains, Voyage dans le Maroc civique", a été publié en 2004. En 2003, elle avait reçu le prix Prince des Asturies avec la cinéaste et militante américaine Susan Sontag.
Elle a étudié dans l'une des premières écoles privées mixtes du Maroc et a poursuivi ses études à Rabat, puis en France et aux États-Unis. Depuis les années 1980, elle enseignait à l'université Mohammed V de Rabat.
Fatima Mernissi menait en parallèle à sa carrière un combat pour le féminisme au sein de la société civile. Elle avait fondé les «Caravanes civiques» fin 1990 et le collectif "Femmes, familles, enfants".
L’objectif de la Caravane Civique est de permettre l'accès à l'information à toutes les couches de la société et un partage plus équitable des ressources intellectuelles et matérielles.
La présidente de la Ligue Démocratique pour les Droits des Femmes, Fouzia Assouli, a dit à VOA Afrique que sa disparition est une grande perte pour les femmes du Maghreb et les défenseurs des droits humains de toute la communauté internationale. «Son apport était une déconstruction d’un discours à dominante masculine», a-t-elle souligné, ajoutant, que ses écrits doivent être largement diffusés et que le combat féministe qu’elle a mené doit continuer.