Les Israéliens, mais aussi la communauté internationale scrutent attentivement l'échéance de jeudi minuit (heure de Washington) pour savoir si le président américain bloque ou pas le déménagement de la représentation diplomatique, comme ses prédécesseurs.
Quel est le contexte ?
Le statut de Jérusalem est l'une des questions les plus épineuses à régler pour espérer mettre fin au conflit israélo-palestinien.
Le plan de partage de la Palestine, approuvé par l'ONU en 1947, prévoyait la partition de la Palestine, alors sous mandat britannique, en trois entités: un État juif, un État arabe, Jérusalem étant placé sous contrôle international. Ce plan a été accepté par les dirigeants sionistes mais rejeté par les leaders arabes.
Suite au départ des Britanniques et à la première guerre israélo-arabe, l'Etat d'Israël est créé en 1948, et fait de Jérusalem-ouest sa capitale en 1949, la partie orientale de la ville restant sous contrôle de la Jordanie.
Israël s'empare de Jérusalem-Est au cours de la guerre des Six Jours en 1967 et l'annexe.
Les juifs considèrent tout Jérusalem comme leur capitale historique depuis plus de 3.000 ans.
L'annexion n'est pas reconnue par la communauté internationale qui considère Jérusalem-Est comme occupée.
Les Palestiniens, qui représentent environ un tiers de la population de la ville, revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. La querelle a une dimension religieuse: la Vieille ville, à Jérusalem-Est, abrite des lieux saints du christianisme, de l'islam et du judaïsme.
Quel est l'enjeu ?
La communauté internationale n'ayant pas reconnu la souveraineté israélienne sur Jérusalem, les ambassades sont installées à Tel-Aviv.
Le transfert de l'ambassade américaine serait interprété comme l'acceptation des revendications israéliennes et le rejet des palestiniennes.
En 1995, le Congrès américain a adopté le Jerusalem Embassy Act appelant les Etats-Unis à déménager l'ambassade.
"La ville de Jérusalem est depuis 1950 la capitale de l'Etat d'Israël", dit le texte.
La loi est contraignante pour le gouvernement américain. Mais une clause permet aux présidents de repousser son application pour six mois en vertu "d'intérêts de sécurité nationale".
Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama ont systématiquement actionné la clause. Barack Obama l'a fait pour la dernière fois en décembre 2016. La nouvelle échéance est fixée à 23H59 jeudi (3H59 GMT vendredi, 6H59 à Jérusalem).
Trump signera-t-il ?
M. Trump a promis à plusieurs reprises pendant sa campagne de déménager l'ambassade. Son nouvel ambassadeur en Israël, David Friedman, en est le fervent partisan.
A l'épreuve du pouvoir et après avoir rencontré nombre de dirigeants arabes et les dirigeants palestiniens, il en a considérablement rabattu. Il n'a pas évoqué la question une seule fois publiquement lors de sa visite en Israël en mai.
Plusieurs analystes prédisent qu'au moment où il cherche à ranimer l'effort de paix moribond il pourrait faire le choix de la prudence pour ne pas provoquer la colère du monde arabe.
"Il va probablement renouveler la clause dérogatoire pour six mois, tout en déclarant qu'il ne le refera pas forcément la prochaine fois, selon l'attitude qu'adopteront les différentes parties", pronostique Alan Baker, un ancien ambassadeur israélien.
Que se passe-t-il s'il ne signe pas ?
L'ambassade ne déménagera pas immédiatement. Mais l'effet se fera rapidement sentir. Aux termes de la loi de 1995, les budgets futurs du Département d'Etat pour l'acquisition et l'entretien des bâtiments à l'étranger subirait une réduction de 50% aussi longtemps que l'ambassade resterait à Tel-Aviv.
Les Palestiniens et les dirigeants arabes ont mis en garde contre le risque d'une explosion de violence en cas de déménagement.
En revanche, Eugene Kontorovich, professeur de droit à la Northwestern University aux Etats-Unis et supportrice du déménagement, souligne qu'en tenant sa promesse électorale, M. Trump "consoliderait sa base et renforcerait le soutien des congressistes républicains".
Avec AFP