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Des Blancs dans la rue contre la discrimination en Afrique du Sud


Des milliers de membres du syndicat Solidarité ont participé à une manifestation à l'usine de Sasol à Secunda, en Afrique du Sud, le 6 septembre 2018
Des milliers de membres du syndicat Solidarité ont participé à une manifestation à l'usine de Sasol à Secunda, en Afrique du Sud, le 6 septembre 2018

Casquette orange sur la tête, les salariés du chimiste sud-africain Sasol ont envahi les faubourgs de Secunda (nord-est). Sur leurs pancartes, les motifs de leur colère. "Ma couleur de peau ne détermine pas ce que je vaux". "Stop au racisme chez Sasol".

Au pied de hautes tours de réfrigération fumantes de leur usine, ils sont jeudi deux bons milliers à défiler contre les discriminations raciales qui, un quart de siècle après la chute de l'apartheid, continuent à miner l'Afrique du Sud.

Sauf que cette fois, la plupart des manifestants sont blancs.

"On ne peut pas régler les problèmes posés par un ancien système d'exclusion en instaurant un nouveau système d'exclusion", résume Dirk Hermann, le patron du syndicat Solidarité à l'origine du mouvement de grève et de la manifestation.

"Ce que nous disons, c'est que quand la discrimination positive va trop loin, il faut y mettre des limites".

Si, une fois n'est pas coutume, le syndicat proche de la minorité Afrikaner blanche a décidé de faire descendre ses adhérents dans la rue, c'est pour dénoncer un nouveau plan de participation des salariés de Sasol, réservé aux seuls Noirs.

En Afrique du Sud, la loi impose aux entreprises locales de réserver une part de leur capital ou de leurs emplois à la majorité noire du pays, soit 80% de ses 55 millions d'habitants, afin de réparer les injustices héritées du régime raciste blanc.

Dans ce cadre, le géant de la chimie a décidé l'an dernier de faire passer à 25% la part de son capital détenu par des Noirs, notamment en leur distribuant des actions gratuites.

Une mesure jugée inacceptable pour tous les collègues blancs de ses heureux bénéficiaires.

"En n'offrant des actions qu'aux seuls employés Noirs, on crée une différence entre nous au moment-même où on commençait enfin, après vingt ans, à se comprendre", déplore Cobus van Rooyen, 37 ans, un machiniste de Sasol.

- "Traitement égal" -

Autour de lui, les colonnes de protestataires progressent dans un silence qui tranche avec les chants et les assourdissants vuvuzelas qui rythment habituellement les manifestations noires.

Seul au milieu de cette cohorte monocolore, Thabo Lekoloane a tenu à s'afficher avec ses collègues blancs.

"Bien que je bénéficie du plan en tant que salarié noire, je pense que tout le monde doit être également traité chez Sasol", explique l'adhérent du syndicat Solidarité, "ils ne devraient pas pratiquer la discrimination comme ça".

Le groupe chimique s'est défendu de ces accusations en affirmant que son plan de participation "ne fait pas partie de la rémunération des employés" et qu'il vise d'abord à renforcer des communautés auparavant défavorisées.

"Notre but consiste à créer des bénéfices substantiels pour environ 230.000 actionnaires et salariés noirs", a expliqué à l'AFP une porte-parole de l'entreprise, Matebello Motloung.

Le groupe chimique a reçu le soutien du Congrès national africain (ANC) au pouvoir. Son porte-parole Pule Mabe a dénoncé une grève "aux relents racistes" qui "cherche à remettre en cause les avancées de notre démocratie".

Dans le cadre de sa politique dite de "transformation radicale de l'économie", le président Cyril Ramaphosa a engagé une réforme agraire visant à corriger les inégalités foncières qui suscite l'inquiétude de la communauté blanche.

Jeudi, le syndicat Solidarité a remis à la direction de Sasol un cahier de doléances exigeant qu'elle accorde les bénéfices de son plan à tous ses salariés sans exception, ou qu'elle leur propose un plan spécifique avec les mêmes avantages.

Les grévistes ont laissé sept jours au groupe pour lui répondre, avant de saisir la Commission des droits de l'Homme et même les autorités boursières de New York, où il est côté.

"Ce n'est pas une question de Noirs ou de Blancs, mais de ce qui est bien et ce qui est mal", insiste le patron de Solidarité Dirk Hermann. "Rien ne peut justifier l'exclusion".

Avec AFP

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