Des éléments de la police et de la gendarmerie se sont rendus aux premières heures de la matinée au "village artisanal", marché pour touristes où un Nigérien avait poignardé deux Danois la veille, aux cris de "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand).
Tous les commerçants du marché - presque tous originaires d'Afrique de l'Ouest - ont été arrêtés, au total plusieurs dizaines de personnes, tous des hommes. Le ministre de la Défense, Etienne Massard, était présent sur place.
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Ils ont été emmenés au siège de la Fopi, une base de la police dans la capitale, où ils devaient être interrogés pour "raison d'enquête", a-t-on indiqué sur place.
En plein centre-ville, et habituellement fréquenté par les touristes qui viennent y acheter souvenirs et colifichets, "le village artisanal restera fermé jusqu'à nouvel ordre", selon un officiel sur place.
En fin de matinée, des policiers, dont certains encagoulés, montaient la garde devant les portes cadenassées du marché, a-t-on constaté.
"Des opérations sont en cours, nous ne faisons pas de commentaire à ce stade", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Alain-Claude Bilie By Nze.
Les deux victimes, qui effectuaient un reportage au Gabon pour la chaîne National Geographic mais dont on ignore encore la profession exacte, ont été pris en charge à l'hôpital militaire, en périphérie de la capitale.
"L'état de santé d'un d'entre eux, dont le pronostic vital était engagé, a été stabilisé", a précisé M. Bilie By Nze.
L'assaillant, un Nigérien de 53 ans, a été interpellé au moment des faits. Il a dit avoir agi "en représailles aux attaques des Etats-Unis contre les musulmans et à la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël", selon les officiels gabonais.
Résidant habituellement au Gabon depuis 19 ans, l'homme avait passé huit mois dans son pays et était revenu il y a quelques semaines à Libreville. Vendeur ambulant de viande fumée, issu de la communauté haoussa, il circulait régulièrement dans le centre-ville et fréquentait occasionnellement le "village artisanal", selon des témoins.
"Nous sommes en train de recouper ces informations", a commenté le porte-parole du gouvernement.
Dimanche, les autorités gabonaises n'avaient pas encore publiquement utilisé, à propos de cette attaque, le qualificatif de "terroriste" ou "jihadiste".
Le Conseil islamique condamne "fermement" l'attaque
Le Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon a condamné dimanche l'attaque.
"Le Conseil supérieur des affaires islamique du Gabon (CSAIG), unique institution de l'islam au Gabon rejette et condamne fermement de tels faits", a déclaré lors d'une conférence de presse à la mosquée Hassan II de Libreville le président du CSAIG, l'imam Ismaël Oceni Ossa, exprimant aussi "sa solidarité aux victimes et aux familles de celles-ci".
L'imam Oceni Ossa, qui a rappelé que "la pratique de l'islam qui enjoint à tout musulman de respecter la vie", a demandé au gouvernement de "réprimer l'auteur ou les auteurs de cette agression" et il a exprimé l'"entière disponibilité pour les besoins d'enquête" du Conseil supérieur islamique.
La communauté musulmane du Gabon est estimée, en l'absence de statistiques, à entre 5% et 12% de la population du pays d'environ 2 millions d'habitants. Les musulmans sont principalement des étrangers venus d'Afrique de l'Ouest.
Petit pays francophone d'Afrique centrale très majoritairement chrétien, le Gabon, où l'insécurité est réduite, n'avait encore jamais connu ce genre d'attaque dirigée contre des Occidentaux, nombreux à vivre sur place.
Avec AFP