"Cela fait des années qu'on en parle. La grève de la faim, c'est le dernier recours, quand on n'a pas réussi à se faire entendre", a expliqué Aïcha Dabalé, porte-parole en France du Comité des femmes djiboutiennes contre les viols et l'impunité.
"On réclame que ces viols soient reconnus comme crimes de guerre et qu'une enquête internationale soit menée", a-t-elle poursuivi.
Ces femmes Afar, une ethnie qui vit dans une zone à cheval sur l'Ethiopie, Djibouti et l'Erythrée sont hébergées dans les locaux de l'association Femmes solidaires à Arcueil, au sud de Paris, depuis le début de leur jeûne, le vendredi 25 mars.
Toutes sont des réfugiées vivant en France ou en Belgique. Quatre d'entre elles affirment avoir été violées par des soldats dans leur pays, il y a plusieurs années.
"Les soldats sont arrivés dans notre maison. Quand j'ai été violée, mon père était là, mon oncle était là", raconte dans sa langue natale Fatou Bakari, âgée d'une quarantaine d'années.
C'était en 1993, dans le village d'Esselou, un secteur où le Front pour la restauration de l'unité et la démocratie (FRUD), un mouvement de rébellion Afar créé fin 1991, combat sporadiquement les forces régulières.
Ce Comité des femmes djiboutiennes, créé en 1993, a recensé depuis 246 cas de viols par des militaires, mais selon Aïcha Dabalé, bien d'autres viols ont été commis. Toute la difficulté est de rassembler les témoignages, et les preuves, souligne-t-elle.
Médecins et avocats refusent de prendre en charge ces femmes, parce qu'elles accusent des militaires, a-t-elle dénoncé. "Une vingtaine de plaintes ont été déposées, mais aucune n'a abouti", a ajouté Aïcha, qui est l'épouse de Mohamed Kadamy, actuel président du FRUD, mais qui a assuré ne pas agir au nom de la rébellion.
Des élections présidentielles doivent se tenir le 8 avril. En poste depuis 1999, le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh y briguera un quatrième mandat de cinq ans.
Dans une déclaration à l'AFP, un porte-parole du gouvernement de Djibouti a estimé "que les allégations n'ont aucune crédibilité. Depuis 1991, aucune preuve n'a été fournie aux autorités djiboutiennes pour étayer ces affirmations".
Avec AFP