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Des milliers de manifestants marchent contre l'insécurité au Faso


Des personnes participent à une manifestation appelée par les syndicats de travailleurs contre l'imposition des primes des fonctionnaires, à Ouagadougou, le 7 mars 2020. (archives)
Des personnes participent à une manifestation appelée par les syndicats de travailleurs contre l'imposition des primes des fonctionnaires, à Ouagadougou, le 7 mars 2020. (archives)

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi dans les rues de plusieurs villes du Burkina Faso, dont la capitale Ouagadougou, contre "l'aggravation" de la situation sécuritaire, réclamant une réponse aux attaques jihadistes de plus en plus meurtrières.

"Non à l'insécurité grandissante", "Non à l'abandon des populations", "Non aux attaques sans fin", "Y-a-t-il encore un président au Burkina Faso ?", ont scandé les manifestants dans le centre de Ouagadougou, en brandissant des drapeaux de leur pays.

Cette marche, à laquelle avaient également appelé plusieurs organisations de la société civile, était la première organisée par l'opposition depuis la réélection du président Roch Marc Christian Kaboré en 2020.

"Aujourd'hui, de Dori à Kampti, de Dedougou à Diebougou, de Ouagadougou à Diapaga, les populations ont manifesté pour protester contre l'aggravation de la situation sécuritaire", a déclaré le chef de file de l'opposition, Eddie Komboïgo, se réjouissant d'une "mobilisation gigantesque à travers le pays malgré les appels au boycott par le pouvoir".

Des manifestations ont également eu lieu à Bobo-Dioulasso (ouest), deuxième ville du pays, mais aussi à Ouahigouya, chef-lieu de la région du Nord, à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord et à Fada N’Gourma, chef-lieu de la région de l'Est, ces trois dernières régions étant parmi les plus frappées par les jihadistes.

Le président Kaboré avait demandé aux organisateurs de "surseoir" aux marches de samedi. D'autres manifestations sont prévues dimanche dans d'autres villes.

"Pendant le premier mandat du président Kaboré (de 2015 à 2020, ndlr), on a dénombré officiellement plus de 1.300 morts et 1,2 million de déplacés internes", a rappelé M. Komboïgo, affirmant qu'il "est à craindre que le second mandat ne soit pire que le premier car depuis le début de l'année, nous en sommes à plus de 300 morts".

Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières de formations jihadistes, dont le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (affilié à Al-Qaïda) et le groupe Etat islamique au Grand Sahara (EIGS).

Le pays a connu dans la nuit du 4 au 5 juin l'attaque jihadiste la plus meurtrière depuis 2015, commise contre le village de Solhan (nord-est) et ayant fait de 132 à 160 morts selon les sources.

"Aucun espoir"

"Au regard des dernières évolutions macabres sur le plan sécuritaire, il était temps de donner un signal fort aux dirigeants pour se ressaisir et mesurer la gravité de la situation", a estimé Aristide Ouédraogo, membre de la société civile.

Interrogé au téléphone par l'AFP, un manifestant de la commune de Madjoari, dans l'Est du Burkina, a dit marcher "pour que les nombreux déplacés puissent retourner dans leur localités d'origine et vivre paisiblement".

"Ça fait plus d'un an que cette commune est sous blocus des groupes armés, personne ne peut y entrer ou en sortir. La vie y est devenu chère et nous ne voyons aucun espoir venir des autorités", a-t-il ajouté.

Depuis l'attaque de Solhan, les manifestations de colère se multiplient.

Pour tenter d'y répondre, le président Kaboré, réélu en 2020 sur la promesse de ramener la paix dans son pays, à limogé mercredi les ministres de la Défense Chériff Sy et de la Sécurité, Ousséni Compaoré. Il assumera lui-même lui-même le poste de la Défense.

Selon le Premier ministre Christophe Dabiré, "l'attaque de Solhan a servi de détonateur parce que cela a permis de mettre en évidence un certain nombre de dysfonctionnements au niveau de notre dispositif de défense et de sécurité". "C'est pourquoi le président Kaboré a repris les rênes du ministère de la Défense nationale (...) pour pouvoir procéder à une réorganisation interne de l'ensemble de nos structures chargées de la défense et de la sécurité".

Il veut croire que cette décision permettra au chef de l'Etat "de renouer avec le peuple et de recréer la confiance indispensable pour assurer la sécurité des personnes et des biens".

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