Les autorités sénégalaises avaient déjà obtenu le report d'une conférence de presse à laquelle devaient participer le 30 septembre cet opposant et des avocats français et mauritanien, selon Amnesty International Sénégal, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho) et la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH).
M. Ould Abeid, président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), qui dénonce la persistance de pratiques esclavagistes dans son pays, a renoncé à s'exprimer lors d'un nouveau point de presse programmé jeudi, portant notamment sur les procédures visant des opposants à la révision constitutionnelle adoptée le 5 août en Mauritanie.
"Biram n'est pas dans une logique d'embarrasser l'Etat du Sénégal, et c'est pour cela qu'il a choisi de reporter cette conférence", a déclaré à la presse le directeur d'Amnesty International Sénégal, Seydi Gassama, soulignant que "les brouilles entre les deux pays ont toujours des répercussions sur les populations".
"L'Etat du Sénégal nous a exprimé ses préoccupations par rapport à ses activités", a précisé le responsable d'Amnesty.
"Nous ne sommes pas restés insensibles à ces appels, comme Biram d'ailleurs n'est pas resté insensible à ces appels, parce que nous connaissons l'histoire très heurtée entre le Sénégal et la Mauritanie. Nous avons tous été traumatisés par les événements de 1989", a rappelé M. Gassama.
Des violences communautaires entre les deux pays en 1989 avaient fait des centaines de morts en Mauritanie et abouti à des départs forcés de populations de part et d'autre.
Le responsable d'Amenesty a néanmoins insisté sur l'indépendance des organisations de défense des droits de l'homme et appelé le président Macky Sall à maintenir la "tradition d'hospitalité du Sénégal d'accueillir des personnes persécutées".
"Il faut que ça soit très clair, pour l'Etat de Mauritanie, pour tous les autres Etats de la sous-région: ce que nous, ONG des droits humains, nous disons au Sénégal, n'engage pas l'Etat du Sénégal, nous ne sommes pas sous la tutelle de l'Etat du Sénégal", a-t-il dit.
Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a accusé de "trahison" les sénateurs opposés à la révision constitutionnelle, adoptée lors d'un référendum contesté et qui a notamment abouti à la suppression du Sénat.
L'un des meneurs de la fronde au sein de cette institution, l'ex-sénateur Mohamed Ould Ghadda, a été arrêté et inculpé de "corruption" en août.
Le régime l'accuse d'avoir reçu de l'argent de deux hommes d'affaires vivant au Maroc et opposés au chef de l'Etat et de l'avoir distribué à certains de ses collègues pour bloquer la révision constitutionnelle.
Douze autres ex-sénateurs, quatre journalistes et deux syndicalistes ont été placés sous contrôle judiciaire dans ce dossier.
Avec AFP