Des dizaines de propriétaires répartis sur plus de 235 hectares de terres dans une localité située à quelques kilomètres de Cotonou sont menacés d'expropriation.
Près de 5.000 parcelles ont été déclarées d’utilité publique sans aucune démarche préalable à l’égard des habitants concernés ou des autorités locales à Akassato, située dans le département de l'Atlantique à 30 minutes de Cotonou.
La plupart pensaient se réfugier dans cette localité pour une retraite paisible. Julien, très remonté contre la décision d'expropriation, parle "de gangstérisme orchestré par les autorités sans aucune mesure d'approche".
Même si des dispositions sont prévues par le code foncier au Bénin, les populations dans le cas actuel fustigent le passage en force l'expropriation sans aucune autre forme de dialogue pour amoindrir la douleur des propriétaires terriens.
La Béninoise Mme Adjaho, fonctionnaire installée dans la zone depuis de nombreuses années, explique "ne pas être prête à abandonner ses terres même pour tout l'or du monde".
Ganiou, propriétaire terrien, attendait la viabilité de la zone. Maintenant, le gouvernement le contraint à renoncer à ses parcelles après que le gouvernement lui-même a investi dans le lotissement et l'enregistrement dans le seul souci de se mettre à l'abri de ce genre d'inconvénients.
Paul, quant à lui, voit d'un mauvais œil qu'une telle mesure soit prise sans que les autorités locales ne soient dans le secret de la décision, témoignant d'un malaise profond.
Le ministre du Cadre de Vie et du Développement durable a tenté de mettre sur pied une commission afin d'examiner la situation. L'offre a été purement et simplement déclinée par les populations qui ont préféré saisir la justice pour être rétablies.
Pour le ministre Didier Tonato, "il ne s'agirait pas d'une chasse aux sorcières ou d'une injustice mais d'une situation qui respecte le code foncier et domanial en vigueur au Bénin".
Même si l'État a prévu un dédommagement, certains pensent qu'il n'y a aucun montant qui pourrait remplacer le sacrifice consenti sur ces parcelles aujourd'hui déclarées biens de l’État.
Ginette Fleure Adandé, correspondante à Cotonou