Dans la vaste région du Pool, qui comprend Brazzaville, un nouveau partenariat axé sur les repas scolaires s'avère prometteur pour rétablir non seulement les moyens de subsistance des populations rurales mais aussi la confiance dans l'État congolais.
Le gouvernement congolais et le Programme alimentaire mondial (PAM) expérimentent des cantines scolaires avec un menu spécial, composé uniquement de produits locaux. Il s'agit des produits de l'agriculture et de la pisciculture locales. Les légumes, le saka-saka (feuilles de manioc), le haricot, du poisson fumé, le tout accompagné du manioc local.
Des ingrédients qui changent le menu dans les cantines scolaires à Mindouli, dans la région du Pool, où les ''Cantine ya Buala'' sont expérimentées.
Jean Martin Baueur, le représentant du PAM qui pilote ce projet, explique que "la localité de Mindouli a été très affectée par les conflits armés et la production agricole a souffert. On est à un stade où les choses reprennent et nous avons des surplus pour effectivement pouvoir alimenter les élèves", indique-t-il.
L'initiative a une portée qui va bien au-delà de la nutrition en milieu scolaire. Il s'agit aussi de réhabiliter l'image de l'Etat dans cette vaste région où le crépitement des armes se faisait entendre encore il y a environ trois ans.
Des défis multidimensionnels qui exigent des investissements dans plusieurs domaines, comme le reconnait le représentant de l'agence onusienne. "Nous avons apporté un appui sur deux choses, notamment la réhabilitation des pistes agricoles pour connecter les bassins agricoles avec les marchés. Et un appui à la production elle-même. Dans le Pool, c'est plus que 500 étangs qui ont été réhabilités", souligne M. Baueur.
A la place du traditionnel riz et sardine japonais, ou du haricot américain, les enfants se nourrissent désormais des aliments cultivés sur place.
Dans les trois écoles primaires de Mindouli centre, 3.500 élèves mangent dans ces cantines. Caroline Mbemba a la responsabilité de servir 1.200 repas par jour. "On a catégoriquement changé de menu. Les élèves aiment toujours manger le saka-saka au pain bio, une fabrication de boulangerie locale", dit la cheffe de cuisine.
Dans les salles de classe, les enseignants constatent la stabilisation des effectifs scolaires. "Cela motive les enfants. Nombreux viennent ici sans rien à grignoter, mais quand il y a la cantine, cela leur fait du bien, car ils doivent attendre les parents qui reviennent des champs pour manger le soir", témoigne une enseignante du cours moyen.
"L'enfant ne peut plus fuir les cours grâce à la nourriture. Quand il a faim, il ne peut pas venir à l'école, et même moi l'enseignant si je n'ai pas encore grignoté quelque chose, pour bien enseigner, c'est difficile", affirme un autre enseignant de l'école primaire.
Aussi louable qu'elle soit, l'initiative est tout de même critiquée par certains représentants de la société civile qui estiment que les enfants ne devraient pas manger dans les salles de classe.
Ces activistes appellent donc les autorités à construire des réfectoires et des cuisines avec de bonnes conditions d'hygiène, pour garantir à quelque 80.000 élèves congolais qui ont accès aux cantines scolaires de ne pas tomber malade.