Le nord-est du Nigeria est confronté à une insurrection jihadiste qui a fait plus de 40.000 morts et déplacé environ deux millions de personnes depuis 2009.
Des jihadistes de Boko Haram ont rassemblé des dizaines de pêcheurs de l'île de Kwatar Kaoulaha située dans la région de Diffa de dimanche à lundi avant de les tuer et d'en prendre d'autres en otage pour avoir désobéi à un ordre de quitter la zone.
"De nombreux pêcheurs ont été tués et d'autres pris en otage par des combattants de Boko Haram fidèles à Baakura Buduma pour ne pas avoir quitté la zone comme ordonné", a déclaré à l'AFP un pêcheur Kallah Sani, faisant référence à un chef d'une faction locale de Boko Haram.
Il n'a pas été en mesure de fournir un bilan précis, mais a déclaré que ceux qui se sont échappés lui ont dit que des dizaines de pêcheurs se trouvaient sur l'île au moment de l'attaque.
Kallah Sani faisait partie des quelque 300 pêcheurs qui ont obéi à un préavis d'une heure fixé par les jihadistes pour quitter les lieux, abandonnant derrière eux leurs prises et autres biens aux membres de Boko Haram.
"Ils nous ont dit qu'ils prendraient tous nos biens comme butin puisque notre gouvernement a saisi leur argent", a-t-il ajouté.
Boko Haram avait ordonné vendredi aux pêcheurs, originaires pour la plupart du nord-ouest du Nigeria, de quitter la zone et de laisser leurs biens aux jihadistes, a déclaré un deuxième pêcheur, Anas Ibrahim.
"Ils (Boko Haram) sont arrivés dans deux vedettes rapides et nous ont ordonné de quitter l'île et de ne rien emporter d'autre que les vêtements que nous avions sur nous", a-t-il déclaré à l'AFP.
"Les insurgés sont revenus dimanche et ont tué ceux qu'ils ont trouvés, détruisant leurs bateaux de pêche pour les empêcher de s'échapper", a-t-il dit.
Une source de sécurité nigériane a également confirmé cette attaque ainsi que les meurtres, affirmant que les membres de Boko Haram étaient furieux de l'arrestation de leurs fournisseurs en nourriture et d'un trafiquant d'argent par le Niger.
Le gouvernement du Niger n'a pas confirmé l'attaque mais un responsable local nigérien a déclaré à l'AFP que les jihadistes avaient ordonné aux habitants de quitter les îles et avaient tué ceux qui ne l'avaient pas fait.
"J'ai vu 11 cadavres dont ceux de pêcheurs et parmi lesquels il y a trois Nigérians et les autres sont des Nigériens", a déclaré cette source. "Ils disent qu'il y a eu d'autres morts sur les îles".
La région du lac Tchad est devenue ces dernières années un repaire important des groupes Boko Haram et Etat islamique qui ont installé des camps sur la multitude d'îlots couvrant le bassin du lac Tchad, vaste étendue d'eau et de marécages qui étend ses rives dans quatre pays: Tchad, Niger, Cameroun et Nigeria.
Les jihadistes conduisent régulièrement des attaques contre les militaires et les civils dans toute la zone.