"Je confirme l'arrestation du président de la Fédération des syndicats du Zimbabwe (ZCTU) (Peter) Mutasa et de son secrétaire général (Japhet) Moyo à leurs bureaux", a déclaré à l'AFP le porte-parole des Avocats zimbabwéens des droits de l'homme, Kumbirai Mafunda.
Des "dizaines" d'autres syndicalistes ont également été interpellés à Harare, Masvingo (sud) et Mutare (est), a-t-il ajouté, se disant "inquiet de l'arrestation de citoyens qui exerçaient leur droit constitutionnel."
La police a procédé à l'arrestation des leaders de la ZCTU alors qu'ils venaient de s'adresser à leurs sympathisants, devant le siège de la fédération, à Harare.
Avant son interpellation, M. Mutasa avait déclaré aux journalistes: "Nous manifestons pacifiquement contre les épreuves" endurées par le peuple zimbabwéen.
La police, équipée de matraques, armes à feu et gaz lacrymogène, était déployée en masse jeudi dans la capitale, où étaient stationnés des canons à eau.
La ZCTU avait appelé à des manifestations nationales jeudi pour protester contre la flambée des prix, l'introduction d'un nouvel impôt sur les transactions électroniques et les pénuries de biens de consommation courante comme le carburant, l'huile, le riz ou encore les médicaments.
Les rassemblements sont interdits à Harare en raison d'une épidémie de choléra qui a fait au moins 49 morts depuis septembre.
La situation économique, déjà très tendue au Zimbabwe, s'est brusquement détériorée ces derniers jours, après l'annonce de l'introduction d'une taxe de 2% sur toutes les transactions électroniques, très prisées des Zimbabwéens en l'absence du manque criant de liquidités.
Faute de devises étrangères, des restaurants et pharmacies ont dû fermer temporairement, le carburant est rationné, comme certaines denrées dans des supermarchés, rappelant dangereusement la crise de 2008 quand Robert Mugabe était au pouvoir.
Le nouveau président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, qui a succédé en novembre à Robert Mugabe, au pouvoir pendant trente-sept ans, a promis de relancer l'économie moribonde de son pays.
En 2009, en raison d'une inflation galopante, le Zimbabwe avait été contraint d'abandonner sa devise, le dollar zimbabwéen, au profit du dollar américain.
Mais cette solution a montré ses limites. En 2016, devant la fuite des billets verts, le gouvernement a introduit des "bonds notes", sortes d'obligations, d'une valeur identique au dollar américain. Là encore, l'opération a échoué.
Avec AFP