"L’Union européenne (UE) prend note du discours du Président Joseph Kabila du 5 avril sur l'état de la Nation, suivi par la désignation d’un nouveau Premier Ministre, contrairement à la lettre et à l’esprit de l’Accord du 31 décembre 2016", indique une déclaration publiée samedi.
Le président Kabila a nommé vendredi comme Premier ministre Bruno Tshibala, secrétaire général adjoint de l’UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, parti-phare de l’opposition) et porte-parole du Rassemblement, comme Premier ministre. La nomination d'est faite sur base de cet accord, selon le décret présidentiel.
Les Chefs de mission des pays membres de l'Union européenne en République démocratique du Congo (RDC) estiment le contraire. Ils estiment que "le rétablissement d’un large consensus national pour un gouvernement mandaté pour des élections avant la fin de l’année est au cœur" de l’accord signé sous la médiation des évêques catholiques.
Le Rassemblement, principale plateforme de l’opposition, constitué autour de l’UDPS, s’est scindé en quelques factions après le décès de son leader Etienne Tshisekedi, le 1er février.
Félix Tshisekedi, fils du défunt opposant, a pris la fonction du président, nouvellement créée, chapeautant une faction avec au poste du comité des sages Pierre Lumbi, proche de Moise Katumbi, l'ancien gouverneur de l'ex-Katanga devenu opposant.
La restructuration n’a pas plu à certains de ses pairs qui, eux, ont mis Joseph Olenghankoy à leur tête, au même poste du président du comité des sages. Bruno Tshibala, nomme Premier ministre, est issu de cette branche.
Dans sa déclaration, l’UE rappelle qu’elle appuie pleinement la nouvelle résolution 2348 que le Conseil de Sécurité des Nations Unies vient d’adopter à l’unanimité.
Cette résolution prie toutes les parties prenantes en RDC de mettre en œuvre sans délai l’Accord du 31 décembre 2016, en toute bonne foi et dans son intégralité.
La faction conduite par Félix Tshisekedi récuse la nomination de M. Tshibala et maintient les manifestations de rue. Une marche pacifique est prévue lundi 10 avril.
A ce sujet, l’UE rappelle que le droit de manifester pacifiquement est le corollaire de tout processus politique. "Elle demande à tous les acteurs politiques de tout faire pour éviter les débordements et invite les autorités à garantir le respect de l’espace public et à éviter l’utilisation disproportionnée de la force par les responsables du maintien de l’ordre", précise la déclaration de l’UE.