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Deux détenus morts dans leurs cellules à Dakar


L'entrée de la prison de Rebeuss, à Dakar, le 30 août 2019. (VOA/Seydina Aba Gueye)
L'entrée de la prison de Rebeuss, à Dakar, le 30 août 2019. (VOA/Seydina Aba Gueye)

Au Sénégal, la mort le mardi 27 août de deux détenus dans la prison de Rebeuss, a suscité de vives réactions. Cheikh Ndiaye, âgé de 18 ans, et Babacar Mané, 19 ans, sont décédés d'une crise cardiaque suite à une électrocution, démontrant les conditions de détentions inhumaines des prisonniers sénégalais.

Les prisons sénégalaises sont pleines à craquer et les détenus sont dans des conditions extrêmement difficiles.

"Le Sénégal reste à la traîne en Afrique de l'Ouest", estime le président de l'Association pour le soutien et la reinsertion sociale des détenus (Asred), Ibrahima Sall, qui s'offusque de cette situation.​ "Le phénomène de la surpopulation carcérale prend une dimension alarmante car aujourd'hui seules 4 sur les 37 prisons sénégalaises n'ont pas encore dépassé leur capacité d'accueil".

Mort de deux détenus dans la prison de Rebeuss
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Il estime également que "les gens vont trop facilement en prison avec la désinvolture par laquelle les autorités judiciaires les y envoient".

Selon lui, sur les 37 établissements pénitenciers qui comptent le Sénégal, il y a "plus de 11.000 détenus qui sont dans des conditions de détention extrêmement ignobles, cruelles et inhumaines."

Une affirmation confirmée par Thierno Aliou Dia qui a passé sept ans de sa vie derrière les barreaux de la très surpeuplée prison de Rebeuss.

Pour lui, les conditions étaient très difficiles. Pour en donner la preuve, il partage avec VOA Afrique les dessous d'une visite du vice-président de l'Assemblée nationale "lorsque le député Moustapha Cissé Lô était venu nous rendre visite, il avait déclaré que ses propres moutons ne devaient pas vivre dans de pareilles conditions".


L'ancien détenu détaille certaines de ces conditions évoquées. "L'alimentation était très compliquée et il y avait environ 300 personnes dans une chambre qui doit en principe n'en contenir que 100 et il y avait une seule toilette pour tout ce beau monde. C'est pourquoi on se bat pour changer la situation".

Les organisations des droits de l'Homme estiment que le gouvernement sénégalais doit réagir et construire de nouvelles prisons pour garantir aux détenus des conditions de détentions plus dignes.

Alassane Seck, secrétaire-exécutif de la Ligue sénégalaise des droits humains, juge les lieux de détentions dépassées par leurs fonctions initiales. "Toutes les prisons sont arrivées à saturation. La prison de Reubeuss a plus de 90 ans, celle de Saint-Louis a plus de 150 ans et ce sont les deux seules prisons qui ont été construites à cet effet".

Pour lui, les autorités ne doivent pas se voiler la face, "avec ce qui se passe à Reubeuss, il faut réagir. A Reubeuss, on nous dit qu'il y a environ 2.700 personnes pour une prison qui était prévue pour 800 personnes. C'est plus de 3 fois de sa capacité donc je pense que c'est l'occasion pour le gouvernement de construire de nouvelles prisons, notamment celle de Sebikotane, dont on attend toujours la réception."

Au-delà de la construction de nouvelles prisons et de l'amélioration des conditions de détentions des prisonniers, il faut des reformes.

Maitre Pape Sene, président du Comité sénégalais des droits de l'homme, estime que les peines alternatives sont les meilleurs moyens de désengorger les prisons au Sénégal.

"Dans notre code pénal, nous avons des peines d'emprisonnement fermes pour certaines infractions qui sont légères donc on peut les remplacer par des peines de substitutions par rapport à des travaux d'intérêts publics".

L'avocat croit fermement que cela peut permettre de désengorger nos prisons, ajoutant "qu'il y a également d'autres mécanismes qui existent tels que la libération conditionnelle, même la grâce qui est évoquée ces temps-ci constitue un moyen de pouvoir désengorger nos prisons".

Au Sénégal, les détenus vivent dans des conditions difficiles et inhumaines à cause du surpeuplement et de la vétusté des des prisons. La situation occasionne fréquemment des drames.

Le plus récent d'entre eux est la mort par électrocution de deux jeunes à la prison de Reubeuss à Dakar. Un drame qui a poussé les anciens détenus et les organisations des droits de l'homme à demander plus de considération pour les prisonniers.

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