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Deux journalistes étrangers arrêtés au Burundi


Le quartier de Nyakabiga, Bujumbura, 12 décembre 2015.
Le quartier de Nyakabiga, Bujumbura, 12 décembre 2015.

Le journaliste du journal français Le Monde Jean-Philippe Remy ainsi que le photographe Phil Moore ont été arrêtés jeudi à Bujumbura. La France, Le Monde et l'AFP demandent leur libération immédiate.

Jean-Philippe Remy, du quotidien Le Monde, et le photographe Phil Moore ont été arrêtés jeudi 28 janvier dans Bujumbura.

Selon le communique de la police burundaise lu à l'antenne, 17 personnes ont été arrêtées au total, dont une femme et deux journalistes, dans les quartiers de Jabe et Nyakabiga.

Ces deux quartiers de la capitale burundaise sont des lieux de contestation contre le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza.

Jean-Philippe Rémy, correspondant régional pour l'Afrique du quotidien français Le Monde, et Phil Moore, un photographe indépendant travaillant régulièrement pour l'AFP mais aussi pour The New York Times, The Guardian ou Der Spiegel, ont été déférés au parquet vendredi. Leur audition est terminée et ils attendaient toujours en milieu d'après-midi au Palais de justice, de connaître la décision du Parquet sur une éventuelle inculpation, selon une source diplomatique.

Selon l'ambassadeur de France à Bujumbura, Gerrit Van Rossum, qui a rencontré vendredi les deux envoyés spéciaux du Monde, ils ont passé la nuit au siège du Service national de Renseignement (SNR), où ils ont été interrogés sans subir de violence.

Le porte-parole adjoint de la police burundaise, Moïse Nkurunziza, a indiqué à l'AFP que les deux hommes avaient été arrêtés jeudi après-midi à Nyakabiga, quartier du centre de Bujumbura, où la police avait été informée que "des criminels tenaient une réunion".

Le groupe s'est enfui mais la police a "rattrapé cinq personnes : 4 Burundais qui avaient deux pistolets et un Britannique", Phil Moore, a expliqué M. Nkurunziza.

"La police a été très surprise et s'est inquiétée de voir un journaliste, ayant toutes les autorisations de travailler au Burundi et qui donc n'avait rien à craindre de la police, courir et fuir la police", a-t-il ajouté, précisant que M. Rémy avait été interpellé lorsqu'il est venu demander des nouvelles de son collègue.

"S'il n'y a rien à leur reprocher, ils seront relâchés, bien sûr", a poursuivi le porte-parole, assurant que les deux journalistes "se portent très bien et sont bien traités".

C'est "la première fois que des étrangers sont surpris au milieu de criminels", avait-il auparavant déclaré à la télévision nationale (RTNB). Selon le ministère de la Sécurité publique, "un mortier, une Kalachnikov et des pistolets ont été saisis au cours de cette opération".

Appel à libérer les journalistes

La France, l'Agence France-Presse et le journal Le Monde ont appelé vendredi les autorités du Burundi à la libération des journalistes.

"Nous avons appris avec préoccupation l'arrestation" de ces deux journalistes. "J'appelle les autorités du Burundi a procéder à leur libération immédiate. Des démarches diplomatiques sont en cours", a déclaré dans un bref communiqué le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius.

Le quotidien Le Monde a aussi demandé vendredi la libération de ses deux envoyés spéciaux au Burundi, Jean-Philippe Rémy, 49 ans, et Philip Edward Moore, photographe de 34 ans. "D'après nos informations, ils ont été interpellés à Bujumbura dans l'après-midi de jeudi par les services de sécurité burundais alors qu'ils rencontraient des opposants", a indiqué Le Monde sur son site.

"Phil Moore et Jean-Philippe Rémy ont été arrêtés alors qu'ils exerçaient leur mission d'informer", a déclaré le PDG de l'AFP, Emmanuel Hoog. "Ils doivent être libérés au plus vite. Ce nouvel incident grave, après celui subi par notre correspondant Esdras Ndikumana, témoigne de l'extrême difficulté à rendre compte de la situation au Burundi, et des menaces permanentes qui pèsent sur la sécurité des journalistes dans ce pays", a-t-il ajouté.

Journaliste reconnu, Jean-Philippe Rémy, le correspondant régional Afrique du Monde, est basé en Afrique depuis 1998, d'abord à Nairobi (Kenya), et depuis 2009 à Johannesbourg (Afrique du Sud). C'est lui notamment qui en 2013, après deux mois de reportage en Syrie, avait révélé l'utilisation de gaz chimique par le régime syrien. Il avait pour son reportage remporté le prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre.

Phil Moore, photographe britannique freelance, travaille régulièrement pour l'AFP.

Esdras Ndikumana, correspondant de longue date au Burundi de l'AFP et de Radio France Internationale (RFI), avait été contraint de se réfugier hors du pays après avoir été arrêté et violemment frappé par les forces de sécurité gouvernementales burundaises, le 2 août 2015 à Bujumbura.

L'Association des journalistes étrangers en Afrique de l'Est (FCAEA) a dit être "extrêmement préoccupée par les arrestations de nos chers et estimés collègues, Phil Moore et Jean-Philippe Rémy, hier au Burundi".

"Ce sont des professionnels chevronnés et la nouvelle de leur détention alors qu'ils faisaient leur travail à Bujumbura nous inquiète beaucoup", écrit la FCAEA dans un communiqué.

Cette affaire intervient alors que s'ouvre samedi à Addis-Abeba le 26e sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine. Le Burundi sera au cœur des débats avec l’envoi possible d’une force africaine de maintien de la paix.

Avec AFP

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