Il était 21H30 locales (20H30 GMT) vendredi quand le camp d'Akere Muna, l'un des principaux candidats de l'opposition, s'est rallié à la candidature de Maurice Kamto.
"Akere Muna accepte de retirer sa candidature à la présidence de la République (...) et de soutenir Maurice Kamto", a annoncé le porte-parole d'Akere Muna, Paul Mahel.
Ce désistement devait être notifié samedi à Elecam, l'organe chargé d'organiser l'élection, afin que le bulletin de vote "Muna" soit retiré des bureaux de vote, selon l'équipe de campagne de Maurice Kamto.
Les deux dirigeants ont prévu de tenir dans l'après-midi un meeting commun à Douala, la capitale économique camerounaise.
C'est la première fois depuis la présidentielle de 1992 qu'une alliance se forme contre M. Biya: à l'époque, les principaux candidats s'étaient ralliés derrière le leader incontesté de l'opposition, John Fru Ndi.
"Ce ralliement, intéressant pour la vitalité de la vie politique camerounaise, pourrait arriver trop tardivement pour créer une dynamique de fond", a estimé auprès de l'AFP Hans de Marie Heungoup, chercheur au centre d'analyses International Crisis Group (ICG).
L'idée d'une coalition de l'opposition était au cœur des débats au Cameroun depuis plusieurs mois. Mais, chaque candidat s'estimant sûr de ses chances de faire un score significatif, les négociations avaient échoué.
- Autres soutiens possibles -
D'autres discussions sont en cours entre Maurice Kamto et certains des sept autres candidats de l'opposition. "Nous négocions avec Cabral Libii et Serge Espoir Matomba", affirme un cadre du camp Kamto.
Maurice Kamto, ancien ministre délégué à la Justice entre 2004 et 2011, a fondé son parti politique en 2012. Il a rassemblé des milliers de personnes lors de ses meetings de campagne.
Avocat au barreau de Paris, il a notamment négocié avec succès pour le Cameroun le contentieux territorial avec le Nigeria sur la presqu'île de Bakassi.
Ses partisans estiment que son expérience au sein de l'appareil d'Etat est un atout. Ses détracteurs n'hésitent pas à critiquer son soutien passé à Paul Biya.
Son nouveau soutien, Akere Muna, est l'ancien bâtonnier du Cameroun et fondateur de la branche camerounaise de l'ONG de lutte contre la corruption Transparency International.
Le président Biya, 85 ans, au pouvoir depuis 1982, invisible physiquement durant la campagne hormis un meeting dans la région de l'Extrême-Nord samedi, est néanmoins omniprésent: des milliers d'affiches à son effigie ont été collées partout dans le pays depuis le début de la campagne.
Un concert de fin de campagne sera organisé samedi en fin de journée à Yaoundé par l'équipe du président-candidat.
- "Fraude massive" -
Le camp Kamto a accusé le pouvoir de préparer une "fraude massive" en vue du scrutin de dimanche.
Selon le parti de M. Kamto, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), il y a des cas de falsification de cartes d'électeurs et des enregistrements sur les listes électorales toujours en cours alors que le processus officiel est terminé.
"Partout où il y aura de la fraude", il y aura des "réactions fermes", selon le directeur de campagne de Kamto, Paul-Eric Kingue.
Le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, a répondu que "toutes les mesures ont été prises (...) pour prévenir tout acte de violence de nature à perpétrer des violences et à créer un climat de désordre".
Sans citer nommément M. Kamto ou un autre, le ministre a accusé "des acteurs politiques associés à des intérêts étrangers" de préparer "des troubles violents".
"En tentant d'organiser le chaos, ils risquent d'être désagréablement surpris", a-t-il prévenu dans un communiqué obtenu par l'AFP, indiquant que Yaoundé "ne tolérera aucun désordre avant, pendant et après l'élection présidentielle".
Le scrutin se tiendra dans un contexte sécuritaire tendu, avec les assauts répétés des jihadistes de Boko Haram dans la région de l'Extrême-Nord et un conflit armé dans les deux régions anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.
Là-bas, l'insécurité a pris le dessus sur la politique et aucun candidat ne s'est rendu durant la campagne dans les capitales de ces régions, Buea et Bamenda, où des tirs se font entendre quotidiennement.
Avec AFP