En charge de l'intérim après la démission le 2 avril du président Bouteflika, Abdelkader Bensalah "met fin aux fonctions de Benaïssa Ben Kathir, procureur général de la Cour de justice d'Alger et le remplace par Zermati Belkacem", indique un bandeau défilant.
Procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, dans le centre de la capitale, Khaled el Bey est également limogé et remplacé par Fayçal Bendaas tandis que Mokhtar Lakhdari prend la tête de l'Office central de répression de la corruption (OCRC), chargé des enquêtes en matière de corruption, en remplacement de Mokhtar Rahmani, selon ce bandeau.
Le motif de ces limogeages, qui visent des responsables nommés sous la présidence de M. Bouteflika, n'a pas été précisé.
Zeghmati Belkacem avait déjà occupé le poste de procureur général de la Cour de justice d'Alger (qui regroupe Cour d'Appel, chambre d'accusation et tribunal criminel) entre 2007 et 2016. Il s'y était notamment fait connaître en émettant en 2013 un mandat d'arrêt international pour corruption contre le très puissant ancien ministre de l'Energie durant 10 ans, Chakib Khelil, proche du président Bouteflika.
M. Khelil était alors à l'étranger et n'était rentré en Algérie qu'en 2016, après l'annulation pour "vice de forme" du mandat d'arrêt et le limogeage de M. Belkacem.
La justice algérienne a lancé récemment plusieurs enquêtes pour des faits de corruption contre des personnalités liées au président Bouteflika, resté 20 ans à la tête de l'Algérie. Plusieurs richissimes hommes d'affaires, dont la plupart sont soupçonnés d'avoir obtenu des marchés publics grâce à leurs liens avec l'entourage de M. Bouteflika, ont été placés en détention provisoire.
De nombreux observateurs craignent qu'elles aient pour double objectif d'apaiser la contestation en lui offrant des "têtes" symboles de la corruption tout en servant de prétexte à une purge au sein du pouvoir dans le cadre de luttes de clans.
Un projet de loi sur la lutte contre la corruption, déposé en janvier, prévoyait la dissolution de l'OCRC au profit d'un pôle pénal financier placé sous l'autorité de la justice. Le projet n'a pu être adopté en raison du mouvement de contestation inédit déclenché le 22 février et qui a contraint M. Bouteflika à la démission.