Deuxième journée des pourparlers historiques entamés mercredi à La Havane entre les Etats-Unis et Cuba. Si la délégation américaine, conduite par la sous-secrétaire d'État américaine Roberta Jacobson, a fait état d’un dialogue « productif », les média signalaient des tensions entre les deux parties.
Parmi les thèmes abordés ce jeudi : la réouverture des ambassades des Etats-Unis et de Cuba dans leurs capitales respectives ; l’embargo américain contre Cuba, qui date de 1961, et la désignation de Cuba, par Washington, comme « parrain » du terrorisme international. Washington devait appeler Cuba à lever les restrictions sur le nombre de diplomates américains déployés dans l'île, ainsi que les restrictions pesant sur leurs déplacements durant leur séjour.
La réunion intervient un mois après que le président Barack Obama et son homologue Raul Castro eurent annoncé l’amorce des préparatifs en vue du rétablissement des relations diplomatiques interrompues depuis plus d’un demi-siècle. Ce développement était intervenu après plusieurs mois de négociations secrètes impliquant notamment le Vatican.
Mercredi, les deux parties ont discuté de l’immigration, en particulier la loi américaine permettant aux Cubains ayant foulé le sol des Etats-Unis d’obtenir un titre de séjour.
Le sous-secrétaire d'Etat adjoint, Alex Lee, a salué des discussions menées, selon lui, dans un esprit de « collaboration ». Pour sa part, Josefina Vidal, directrice chargée des Etats-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères, a qualifié les débats de « constructifs », même s'ils n'ont pas débouché sur un accord significatif, Washington refusant de modifier sa politique. La Havane fait valoir que celle-ci encourage des Cubains à entreprendre un voyage dangereux en mer sur des embarcations de fortune, pour tenter de gagner la Floride, à quelques 144 km de distance, dans des eaux infestées de requins.
« Malgré les différences évidentes qui persistent entre nos deux pays, les États-Unis et Cuba peuvent trouver des possibilités pour faire avancer nos intérêts mutuellement partagés, tout en engageant un dialogue respectueux et attentionné », a déclaré M. Lee.
Côté cubain, Mme Vidal a été moins diplomate, attaquant publiquement la politique de Washington qui accorde aux Cubains arrivant sur le sol américain un statut privilégié, qui n’est accordé aux ressortissants d’aucun autre pays au monde. « C’est un question fondamentale qui reste en quelque sorte une incitation à l'immigration illégale », a-t-elle constatée.